Scènes

Claquettes et Jazz en liberté

L’association Tap Breizh (www.tapbreizh.net), basée en Bretagne, comme son nom l’indique, organise tous les ans depuis 2000 un festival « Claquettes et Jazz » à Trégunc, Finistère Sud, fin juillet. Ambiance festive et créative garantie.


Comme l’an dernier, je suis en vacances en août. Fin juillet, je ne puis donc assister qu’au week-end d’ouverture du Festival « Claquettes et Jazz » à Trégunc. Cette année, pour commencer, le trio de Pierre CHRISTOPHE accompagné de trois danseuses et un danseur.

Présentons d’abord les acteurs avant de raconter la pièce.

Pierre CHRISTOPHE : piano
Fabien MARCOZ : contrebasse
Mourad BENAMOU : batterie
Isabelle GIRAULT (France), Marion SANDNER, Laia MOLINS (Barcelone), Sharon LAVI (Israël) : danse

Pierre CHRISTOPHE fut le disciple de Jaki Byard à New York. Rentré à Paris, il a sorti en 2003, avec son trio, un album intitulé « Byard by us » qui a reçu un excellent accueil critique.

C’est cet album que le trio nous joue en première partie, révélant l’univers d’un Maître qui a traversé l’histoire du Jazz puisqu’il a joué avec Charles Mingus, Booker Little, Eric Dolphy et tant d’autres qui appréciaient les talents variés de ce pianiste.

Grande complicité entre les musiciens, joie de jouer et de faire vivre cette musique, peut-être un peu négligée aujourd’hui. Le bonheur.

Puis les danseurs arrivent.

Ce sont d’abord des numéros répétés avec les musiciens. J’en garde en mémoire le superbe solo de Laia Molins sur « Besame Mucho » (qui me fait regretter, une fois de plus, la disparition de Barney Wilen), le déhanché si oriental de Sharon Lavi sur « Caravan » enchaîné avec « Night in Tunisia », puis le solo absolu, plein de sensualité, de souplesse et d’humour de Marion Sandner.

Pendant la pause, les spectateurs ont la possibilité d’écrire des thèmes à tirer au sort, le nombre de musiciens et de danseurs étant lui aussi à tiré au sort (pour ce qui est de savoir de savoir qui jouera et comment, les artistes décident seuls).

J’ai l’honneur de tirer au sort le thème « Love Is in the Air ». Musiciens et danseurs doivent ensuite improviser aussi sur le « Sea, Sex and Sun » de
Gainsbourg. Pendant que le trio joue la chanson, Laia et Marion minaudent à souhait, jouant les pin-up de plage. La dispute de famille nous vaut un duo contrebasse/batterie face au duo Laia/Sharon à la fois free et espiègle. « Les dents de la mer » permettent au duo piano/contrebasse de créer une ambiance glaciale et mouvementée pendant que Laia, Marion et Sharon jouent tour à tour les nageurs apeurés et les requins affamés. Et tant d’autres joies encore, pour finir par Laia Molins chantant « I Got You Under My Skin » avec une crème d’accent catalan soutenue par deux trios, celui des musiciens et celui des danseurs.

Il y en avait pour les yeux et les oreilles, pour les amateurs de beaux gestes et de beaux sons, de jolies filles et de jolis garçons.

par Guillaume Lagrée // Publié le 27 septembre 2004
P.-S. :

Je n’étais pas le seul à revenir à Trégunc. J’y ai retrouvé sur scène Laia Molins et Mourad Benammou. Toujours cette ambiance familiale, festive, créative. Du travail fait sérieusement sans se prendre au sérieux. Bref, tout ce que j’aime dans la vie en général et dans le festival « Claquettes et Jazz » de Trégunc en particulier. Ça continue dimanche 25 juillet avec le concert du Moutin Réunion Quartet : les frères Moutin à la contrebasse et à la batterie, Baptiste Trotignon au piano, Rick Margitza au saxophone ténor, ce qui se fait de mieux en ce moment paraît-il. Je vous raconterai après le concert, lecteurs que je salue, lectrices que j’embrasse.