Chronique

Dave Douglas

Dizzy Gillespie at Zero Atmosphere

Dave Douglas (tp), Dave Adewumi (tp), Matt Stevens (g), Fabian Almazan (p), Carmen Rothwell (cb), Joey Baron (dm)

Label / Distribution : Greenleaf Music

Dave Douglas n’en est pas à son premier hommage à des musiciens d’envergure. Wayne Shorter en 1997 sur Stargazer, Mary Lou Williams dans Soul on Soul (Sony Legacy) en 2000 ou encore Jimmy Giuffre ou Carla Bley dans sa participation à la formation Riverside avec le saxophoniste Chet Doxas, figurent parmi les personnalités dont il fait perdurer la mémoire. C’est la première fois pourtant qu’il s’attaque, non seulement à un des mastodontes de l’histoire de la musique afro-américaine, mais également à un instrumentiste pratiquant comme lui la trompette.

Praticien virtuose et audacieux, homme d’orchestre et homme de groupe par son caractère charismatique et extraverti, Dizzy Gillespie incarne aujourd’hui encore une certaine idée du jazz. Dave Douglas choisit de ne pas le suivre sur ces pentes escarpées inévitablement risquées en abordant plutôt la face compositionnelle qu’il entreprend, non pas frontalement, mais en tournant autour.

Les morceaux sont ainsi des clins d’œil ou variations plus ou moins éloignées sur l’univers de Gillespie, complétés par deux reprises (”Manteca” et “Pickin’ the Cabbage”). Entouré du piano généreux de Fabian Almazan et de la guitare savante, quoiqu’un peu sage de Matt Stevens, il complète son équipe d’un autre trompettiste, Dave Adewumi, qui joue la complémentarité plutôt que la confrontation. Son rond, phrases généreuses et enveloppantes, les deux s’entendent en bonne concorde, sans folie outrancière toutefois. Derrière, le vieux complice Joey Baron glisse des roulements liquides sur la caisse claire et swingue avec grâce tandis que Carmen Rothwell tient la basse et la barre à coup de walking bass.

Tout fonctionne avec intelligence et un impeccable raffinement. Manque toutefois la folie qui irriguait la figure de Gillespie et que Douglas, fort de ses aventures passées durant les années 90, aurait pu réactualiser avec un peu plus d’enthousiasme.

par Nicolas Dourlhès // Publié le 27 septembre 2020
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