Chronique

Dave Douglas

Devotion

Dave Douglas (tp), Uri Caine (p), Andrew Cyrille (dms)

Label / Distribution : Greenleaf Music

Dave Douglas renoue avec le format minimaliste du trio, avec cette fois le pianiste Uri Caine qu’il connaît très bien pour l’avoir rencontré dans des circonstances diverses, de l’exploration de l’univers de Mahler à l’immersion dans les Sidewalks of New York . Le troisième homme est Andrew Cyrille , bien connu des services de Dave Douglas, où il montre ici que l’on aurait tort, au nom d’une certaine paresse, de réduire à son activité avec Cecil Taylor. C’est un vétéran maintenant. Il va atteindre ses 80 ans cet automne, et il a largement démontré ses capacités d’adaptation. Ici, il se rapproche (paradoxalement ?) du monde de Paul Motian par son écoute et son sens de la répartie sans forcer sur la puissance.

Dans le passé, Dave Douglas a multiplié les clins d’œil et les références, Booker Little, Wayne Shorter, Joni Mitchell, Mary Lou Williams, et bien d’autres. Il y revient ici, avec des destinataires peu évidents à l’écoute (Dizzy Gillespie pour « We Pray », Mary Lou Williams pour « Rose and Thorn » ). Carla Bley serait la destinataire de « False Allegiances ». Précisément : le terme « false » signifie bien faux (comme faux-départ), ou infidèle. N’est pas utilisé celui de fake très fréquent en ce moment ( fake new , nouvelle truquée…). Ici, il s’agit bien d’une allégeance un brin infidèle, ou plutôt irrespectueuse, car avec Carla Bley, le devoir d’irrespect s’impose.

Une ambiance sereine, et surtout pas dévote, un travail sur la matité de la sonorité (héritage lointain de Clark Terry ?). Voilà une nouvelle étape dans le parcours de Dave Douglas.