Chronique

Gilles Bernard

Le Chapeau de ma soeur

Gilles Bernard (p), Alain Boies (sax), Pierre Côté (b), Raynald Drouin (d).

Label / Distribution : Effendi Records / Abeille

Il faut bien avouer que l’on connaît assez peu le jazz canadien, et sans doute encore moins les artistes québécois. C’est justement ce que nous propose de découvrir depuis quelques années Alain Bédard et son équipe du label Effendi Records.

Ce douzième opus de l’étiquette Effendi (en québécois dans le texte…) nous présente un pianiste local méconnu dans nos contrées, Gilles Bernard, ici en quartette.

Faisant preuve d’une belle sensibilité, Bernard en tout en retenue et en caresses. Il effleure les touches comme s’il craignait de les briser. Influencé ostensiblement par Abdullah Ibrahim dans sa composition Sud, il convie aussi quelques mesures du Laura de Johnny Mercer pour un alliage surprenant et réussi. Mais hormis une autre petite incursion chaloupée sous les tropiques (Kafé), Bernard privilégie le voyage intérieur et les notes tamisées. Epaulé par le saxophone d’Alain Boies dans un jeu fusionnel quasi-gémellaire qui ne manque pas de frapper par sa discrétion étudiée, les atmosphères s’enchaînent dans un jeu appliqué quoique un peu lisse parfois. On attend qu’il se passe quelque chose, mais en vain… Car c’est sans doute là la recherche de Gilles Bernard : créer à force de vaguelettes un léger clapotis, un roulis familier et apaisant, fuyant la houle et les raz-de-marée perturbateurs. A tous ceux qui sont chavirés par l’idée, plus en quête de quiétude et d’harmonie que de désordre, laissez-vous dériver lentement au son de cet album. Pour les autres, essayez un autre accessoire que Le chapeau de ma sœur, on flotte dedans.