Chronique

Javier Red’s Imagery Converter

Life & Umbrella

Javier Red (p), Jake Wark (ts, ss), Ben Dillinger (b), Gustavo Cortiñas (dms).

Label / Distribution : Desafio Candente Records

Javier Red (de son vrai nom Javier Reséndiz) est un pianiste mexicain installé à Chicago depuis 2015. Après une première carrière dans son pays d’origine, il s’intègre rapidement à la scène chicagoane et forme son propre groupe, le quartet Imagery Converter avec le contrebassiste Ben Dillinger, le saxophoniste Jake Wark et le batteur Gustavo Cortiñas. Ensemble, ils sortent en 2019 un premier album remarqué, baptisé Ephemeral Certainties (Delmark Records). Ils reviennent aujourd’hui avec Life & Umbrella, un album lumineux dont le sous-titre « Répandre l’empathie, la compréhension et l’amour pour l’autisme », rend hommage aux personnes souffrant de cette maladie (dont le propre fils du pianiste).

L’album compte douze morceaux, souvent assez longs, qui laissent à la musique le temps d’advenir et forment une œuvre dense et sinueuse faite de revêches changements de rythmes, d’angles saillants et de retours à la ligne que l’on arpente avec bonheur, le nez au vent, en compagnie d’un quartet très uni, souverain et sûr de ses idées. Ces chemins tortueux et intranquilles sont mis en valeur par le jeu à la fois épidermique et économe de Javier Red, pas démonstratif pour un sou, qui furète le plus souvent dans les aigus où il ponctue, souligne et relance le dialogue entre les quatre musiciens à grands coups d’accords plaqués et répétés ou de digressions versatiles bien senties. Il sait aussi s’effacer (et c’est là une de ses grandes forces) au profit de ses compères. Life & Umbrella est ainsi l’occasion de découvrir Jake Wark (qui a déjà enregistré sous son nom avec Drew Gress, Angel Bat Dawid ou le batteur Phil Haynes), remarquable saxophoniste, au son très droit et aux idées larges. Soutenu par une rythmique efficace, Wark dévoile une large palette technique qui lui permet de louvoyer dans les dédales harmoniques des compositions serpentines de son leader.

par Julien Aunos // Publié le 31 mars 2024
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