Scènes

Jazz à Liège - Festival 2007 (4 et 5 mai)

Les vraies têtes d’affiche du XXIè siècle…


Difficile d’imaginer que dix-sept longues années se sont écoulées depuis les concerts légendaires de Benny Carter, Elvin Jones ou Lionel Hampton. Depuis 1991, l’eau a coulé sous les ponts bleus et la plupart des somptueux dinosaures qui avaient mis le jazz sur les rails et occupé le haut des premières affiches de Jazz à Liège, se sont retirés sur la pointe des croches. Et comme à chaque tournant de l’histoire, les oiseaux de mauvais augure ont annoncé à grand renfort de mélancolie passéiste la mort indubitable du jazz. Du vrai jazz, comme ils disent (et comme Panassié le disait déjà en 1946) !

Une chose est sûre : les têtes d’affiche de l’édition 2007 sont de vraies têtes d’affiche du XXIè siècle : E.S.T. (LE trio qui symbolise au mieux la fusion entre l’esthétique du piano jazz, le groove et les avancées électro), Dave Douglas (le rebelle hyperactif de la trompette, pilier du Masada de John Zorn), David Sanchez (le plus brûlant des sax latinos entouré de ses intraitables guerilleros bleus) et, last but not least, le Brewed by Noon du batteur Sean Noonan avec en invité Marc Ribot, l’extraterrestre de service, partenaire privilégié de Tom Waits, Bill Frisell ou…John Zorn, encore lui.

L’heure, donc, est à l’aventure, même si, comme chaque année, toute l’histoire du jazz ou presque est également au rendez-vous, avec à la clé un subtil dosage de jazzmen américains, européens et belges bien-sûr, et de projets originaux comme Jazz Me Do, l’hommage rendu aux Beatles par Phil Abraham et la crème du jazz belge ; « Douce France » ou la chanson française revue et corrigée par le guitariste français Louis Winsberg ; la rencontre entre le percussioniste brésilien Caito Marcondes et les Belges de Passarim ; la nouvelle mouture d’Octurn, avec Magic Malik (fl) Nelson Veras (gt) et Gilbert Nouno (electrocnics) ; la rencontre, au sein d’un univers évoquant irrésistiblement le regretté Steve Lacy, du saxophoniste Jan Rzewski et du pianiste Fabian Fiorini ; mais aussi une grande Fête à Sadi mitonnée par Alexandre Plumacker et le Big Band de Liège avec en invité un certain Guy Cabay.

Outre Winsberg et la bombe E.S.T. le jazz européen sera à l’honneur à travers les concerts de Bojan Z (dont le dernier CD s’articule également autour des noces du piano acoustique et de l’électronique), d’Electro Deluxe (LA formation de jazz électro hexagonal actuelle) et du band franco-belge et hyper-groovy de Charlier-Sourisse. Au menu également, du blues qui arrache avec les Français d’Awek, et les Allemands de B.B. & the Blues Shacks et des Swamptones. Pour les amateurs de jazz vocal qui swingue et qui scatte, madame Anca Parghel enfin de retour à Jazz à Liège, et dans une veine plus “mondialiste”, Lagu Lagu, le groupe de la chanteuse Monica Akihary avec Ernst Reijseger. Vous aimez le saxophone pur et dur ? John Ruocco revient jouer pour vous après une longue absence à Liège ; Manu Hermia nous amène son bouillant projet Rajazz ; et Robert Jeanne vient fêter ses 75 printemps à la tête d’un tout nouveau quintet. Et au chapitre belge, outre les têtes d’affiche déjà citées, Jazz à Liège met à l’honneur la jeune génération, à travers le quartet de Pascal Mohy et Quentin Liégeois ; le groupe « 4 in 1 », où se retrouvent les deux lauréats des derniers Djangos d’Or, Jean-Paul Estiévenart (tp) et Lorenzo di Maio (gt) ; histoire de finir une des deux soirées dans le délire, le Peas Project ; et dans le cadre de « Ça balance pas mal à Liège », en plus de Passarim déjà cité, le groupe Wrong Object, au feeling branché sur l’école de Canterbury ; et l’électro-jazz d’Amsha. Et que les musiciens qu’avaient ravis l’idée du workshop l’an dernier se rassurent : André Charlier et Benoît Sourisse remettent le couvert cette année !

Jean-Marie Peterken, Danielle Baeb et leur nouveau C.A. restent donc fidèles à l’adage ancestral du festival : Jazz pour Tous ! La Maison du Jazz (qui, comme chaque année, a largement contribué à l’organisation du festival), sera également et doublement au rendez-vous au Palais des Congrès ; à travers une grande exposition multimédia consacrée à Sadi dans la Salle des Pas Perdus mais aussi à travers une grande brocante jazz (vinyls, 78 tours, CD’s, livres, magazines…). Les couloirs du Palais accueilleront également comme d’habitude stands et exposants. De plus les élèves de l’Académie d’Amay assureront l’ambiance musicale dans le hall d’entrée.

Jazz à Liège 2007, c’est parti !