Chronique

Kim Myhr

Bloom

Kim Myhr (6-str g, 12-str g, elg, zither)

Après une prise en main de son projet en solo, comme enfin seul dans un espace arpenté à grandes enjambées dans le bien nommé All Your Limbs Singing, paru en 2014 chez Sofa, Myhr trouve sa maison, le label Hubro, et éclot avec Bloom en 2016.

Avec moins d’extase dans le jeu, ou en tout cas un allègement d’une vision de la guitare que lui-même qualifiait d’orchestrale, ce deuxième album signé de son nom est une exploration parcellaire de ce que la liberté du solo octroie, en particulier lorsque l’instrument se frotte au re-recording et à l’overdub, luxe permis par le studio. S’éloignant définitivement du jazz pour embrayer sur le post-rock, la douze-cordes s’électrifie, les paysages défilent et apparaissent ici zébrés, presque comme un montage stroboscopique associant les grandes plaines américaines d’un Jim O’Rourke aux noirs fjords d’un Eivind Aarset.

Né de six semaines de travail en studio, chaque son y est chéri pour son identité singulière. Ces cinq morceaux passent sans heurts de l’expérimentation électrique « Sort Sol » (« Soleil noir »), au calme mantra « Swales Fell », où l’on retrouve la place prépondérante du silence, élément de composition cher au musicien.

Même tremblant, Bloom est un acte d’affirmation. Il impose Kim Myhr loin de cases bruitistes dans lesquelles il se serait senti bien à l’étroit. Après avoir parcouru le globe, en touche-à-tout polyglotte, le voilà devenu gourmet malaxeur de sons et de textures peaufinant un idiome déjà fort reconnaissable.

par Anne Yven // Publié le 8 décembre 2019
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