Chronique

Marguet, Loustalot, Touéry, Labarrière

Happy Hours

Christophe Marguet (dm), Yoann Loustalot (tp), Julien Touéry (p), Hélène Labarrière (cb)

Label / Distribution : Mélodie en Sous-Sol

L’art poétique de Christophe Marguet est pleinement identifiable. Sur une assise rythmique implacable, il développe un discours mélodieux fait de richesses harmoniques qui glissent dans l’oreille avec un plaisir jamais feint. Donnant suite au disque Old and New Songs où l’on entendait déjà le trompettiste Yoann Loustalot, il récidive aujourd’hui avec le quartet Happy Hours qu’intègrent le pianiste Julien Touéry et la contrebassiste Hélène Labarrière.

Sur des compositions soignées qui traversent une large gamme de sentiments, des plus enthousiastes aux plus nuancés, les quatre musiciens retrouvent les principes de la musique jazz à laquelle est attaché, à juste titre, le batteur. L’attention portée, notamment, à l’interaction invite à intégrer aux propositions de chacun les intentions de ses partenaires et permet la construction d’un propos collectif aux lignes indémêlables. Cette globalité organique ne cesse de se mouvoir au fil des plages, portée par une paire rythmique soudée.

Fruit d’une longue complicité, cette complémentarité de jeu, où s’accordent robustesse et finesse, est un élément propulseur. Avec une discrétion coloriste, Julien Touéry est un élégant décorateur d’intérieur qui sert à merveille le propos général. L’équilibre entre le silence et la suggestion ne le privent pas, cependant, d’énoncer des phrases limpides lorsque le besoin se fait sentir, même si, en la matière, il reste moins disert que son partenaire à la trompette. Nous faisant profiter de la plénitude de son timbre et de la droiture de son langage, Loustalot est le porte-parole juste de ce quartet qu’il conduit sur des versants chantants.

Plus contrasté qu’il n’y paraît, le disque est la photographie réussie de la rencontre de quatre personnalités musicales. Il invite l’auditeur à partager la profondeur des instants éphémères : entre la joie de les voir naître et la mélancolie de les voir partir.