Yoann Loustalot

Préambule

On a parfois d’heureuses surprises… et ce CD en est une. En effet, ce Petit label cultive un singulière discrétion autant auprès des chroniqueurs que des amateurs (pas de pub, chaque CD tiré à 100 exemplaires, pas de distributeur, commande directement sur le site, peu de service de presse) ; il n’est pas question ici de critiquer sa démarche, que je respecte tout en regrettant qu’elle conduise naturellement à une certaine marginalité. Avant d’évoquer sa musique, je remercie donc Yoann Loustalot d’avoir fait parvenir son Yo5 à Citizen Jazz.

Reprenant la formule du quintet sans piano de son précédent Primavera, bien accueilli par la critique, le jeune trompettiste-bugliste (il fait partie avec Fabien Mary, Julien Alour, Alex Tassel ou Nicolas Folmer de cette nouvelle génération de souffleurs de talent) offre là neuf compositions originales et adapte l’œuvre de William Schumann Night of the Hunter écrite pour le film de Charles Laughton avec Robert Mitchum, en français La nuit du chasseur.

Toujours empreint de be-bop tendance Blue Note années 60 (pour certains dont moi, la grande époque) sans pour autant s’y inféoder totalement (« Kick Ker », « Télépode 1 » et 2) le groupe se distingue par la qualité des participants, la belle sonorité de Loustalot à la trompette (absence de vibrato, phrasé délié) et au bugle (« Berceuse pour Juliette », délicatesse sans mièvrerie), la rythmique impeccable d’Antoine Paganotti, la contrebasse indispensable de Yoni Zelnik, Maxime Fougères au si beau son de guitare qu’il sait saturer à bon escient (« Pauvre Mutant », thème sans ligne apparente qui se clarifie en final) et les interventions pertinentes d’Olivier Zanot (« Snowy Owl »), sans oublier l’exercice de style collectif dans le genre brass band britannique avec une « Fugue » bienvenue.

A découvrir, donc, ce Petit label, ses collections, ses pochettes très classes et ses musiciens, dont Loustalot et ce Yo5, avec ses 55 minutes de plaisir à partager.