Chronique

Morris-Bishop-McBride

Tells or Terrier

Joe Morris (dms), Jeb Bishop (tb), Nathan McBride (b)

Label / Distribution : Not Two Records

Que Joe Morris soit un musicien plein de ressources, personne n’en doute. On connaît le brillant contrebassiste, souvent en solo pour des introspections rares. Bien entendu, on le sait guitariste, l’un des plus brillants, avec les Maneri, Braxton ou encore William Parker. Batteur, c’est plus rare, et il faut toute la versatilité du trombone de Jeb Bishop pour que l’on puisse apprécier un jeu aux antipodes de ce qu’il peut proposer avec d’autres instruments : volubile, rageur parfois à l’image du dernier tiers de « Outcrop » lorsqu’après s’être effacé aux cymbales pour l’archet de la contrebasse de Nathan McBride (aperçu dans le Dijkstra/Karayorgis/Bishop/McBride/GrayCutOut de Bishop), il ferraille avec un Bishop intenable en favorisant les peaux.

Comme à son habitude, la technique étendue et impeccable du tromboniste fait merveille : il parvient, avec une malice de sourdine, à parfois se confondre avec les percussions de Morris (« Gneiss »). Sens du timing incroyable et spontanéité totale, le trio qui enregistre Tells or Terrier dans le studio de Morris dans le Connecticut prend un indéniable plaisir à maintenir la musique en ébullition, sans temps mort ni volonté d’aller vers l’inconnu. La connivence et la familiarité de cette partie de campagne où est célébrée la folle insouciance des chiens (le terrier du titre, c’est Scout, le chien de Morris) remplit parfaitement son office : on ne peut qu’apprécier ce joyeux chahut.

par Franpi Barriaux // Publié le 21 janvier 2024
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