Scènes

NJP : une descente de la West Coast pour le final au Chapiteau

Échos de Nancy Jazz Pulsations # 9 – Samedi 19 octobre 2019, Chapiteau de la Pépinière – Blick Bassy / Ryan Porter feat. The West Coast Get Down / Raphael Saadiq / The Souljazz Orchestra.


Kamasi Washington, Ryan Porter, Jumaane Smith © Jacky Joannès

Dernière ligne droite pour NJP : pendant que Laurent De Wilde se produisait au Théâtre de la Manufacture avec son New Monk Trio, le Chapiteau offrait une quadruple affiche. Une sortie en fanfare pour une édition 2019 dont l’équipe du festival dresse un premier bilan satisfaisant.

Même si la dernière soirée est à venir, je commence en quelques mots par un bilan à chaud du festival que l’équipe organisatrice dresse dans sa conférence de presse en fin d’après-midi. Thibaud Rolland le Directeur et Claude-Jean Antoine le Président évoquent un « vol sans encombre » pour la « NJP Airlines », qui revendique cette année plus de 30.000 entrées payantes et 50 % de ressources propres. Un bon chiffre. Surtout, le président « Tito » précise que le chemin vers les 50 ans de NJP – en 2023 – s’éclaircit avec la signature d’une nouvelle convention sur quatre ans associant les habituels partenaires locaux et l’État, ce qui constitue une première. De quoi voir venir et prendre le temps de réfléchir aux évolutions, tant du point de vue artistique que de toutes les actions entreprises, notamment par un plus fort « engagement sociétal » et un effort consenti vers l’économie durable.

Raphael Saadiq © Jacky Joannès

Il pleut. Autant dire que tous les bars – protégés des intempéries – font le plein et que la bière coule à flots. Une autre forme de pluie ! Mais ce fort taux d’hygrométrie va vite être contrebalancé par une ambiance chaude aux accents soul, funk et jazz. Une fois encore, le menu est très copieux. Vont se succéder le camerounais Blick Bassy, le tromboniste Ryan Porter, Raphael Saadiq de retour après avoir fait faux bond en 2018 et pour finir les Canadiens du Souljazz Orchestra. Le chapiteau est plein à craquer, il faut savoir se frayer un passage. Tout ceci ressemble au final d’un grand feu d’artifice.

Kamasi Washington & Ryan Porter © Jacky Joannès

C’est Ryan Porter qui retient mon attention. Pour ne rien vous cacher, c’est avec l’idée de découvrir sa formation et The West Coast Get Down que j’ai fait le choix du Chapiteau ce soir. Surtout que le tromboniste annonce un invité dont le nom a fait pas mal frissonner la jazzosphère : le saxophoniste Kamasi Washington, lui-même membre de ce collectif de Los Angeles dont j’avais chroniqué ici-même il y a plus de quatre ans The Epic. Non sans émettre quelques petites réserves malgré la somme considérable de musique accumulée dans son triple CD.

Ryan Porter donc : trois albums au compteur et un quatrième à venir en 2020, dont il présente une composition en avant-première. Le reste du set est issu de The Optimist (2018) et Force For Good (2019). Le collectif, qui ouvre son set par « Madiba » en hommage à Nelson Mandela, revendique l’héritage de John Coltrane et son triple message de paix, amour et unité (sic). Un œcuménisme musical que les musiciens croisent avec de multiples influences, au-delà du jazz, funk notamment. Une heure : un temps très court pour hisser des couleurs vives et laisser libre cours à une parole qui s’exprime en chorus successifs : ceux de Porter et Washington – un peu en retrait – bien sûr, mais aussi de Jumaane Smith à la trompette, Brandon Coleman au piano (dont le son est malheureusement désastreux) et Tony Austin à la batterie. La machine est parfaitement huilée, peut-être manque-t-elle un peu de proximité et de chaleur. On ressent par conséquent une certaine distance vis-à-vis du groupe, malgré un intermède souriant pour souhaiter bon anniversaire au contrebassiste (et excellent chanteur) Miles Mosley. Ryan Porter, de son côté, n’omet pas de rappeler à plusieurs reprises que ses disques sont à vendre sur le stand du merchandising.

J’ai presque des regrets. Pas trop tout de même. Peut-être aurais-je dû me rendre au Théâtre de la Manufacture pour écouter Laurent De Wilde et son New Monk Trio. J’étais parti de l’idée que ma route croiserait sans doute plus souvent celle du pianiste que celle de Kamasi Washington. Ce sera pour une autre fois, je n’en doute pas !