Scènes

Naïssam Jalal à Souillac en Jazz

Pour sa 47e édition , le festival Souillac en Jazz accueillait Naïssam Jalal en quintet avec Rhythms Of Resistance.


Adossée à un chef d’œuvre de l’art romano-byzantin datant du XIIe siècle, la scène principale du festival de Souillac en jazz a de quoi séduire les amateurs de musique du monde, le cadre à lui seul étant déjà une invitation dans un voyage à travers le temps.
Une fois les hirondelles rentrées dans les dizaines de nids qui ont pris place sur l’abbatiale, le concert pouvait commencer !

Fondé en 2011 par Naïssam Jalal (fl), cet ensemble très cosmopolite, avec deux albums à son actif, a joué dans de nombreux festivals, et l’on sent dès les premières notes une texture sonore homogène et bien équilibrée, dans laquelle Arnaud Dolmen (dm), placé entre les cordes et les vents, souligne avec retenue les mouvements de la musique. De magnifiques moments, avec Karsten Hochapfel à la guitare et au violoncelle, qui joue ses instruments au plus près du corps, dans une introspection au cœur du son, et Damien Varaillon , subtil contrebassiste à la sonorité claire et dense, lui aussi dans une écoute active.

Naïssam Jalal échange plus que des notes avec le public, lui faisant part de ses convictions intimes.

Naïssam Jalal maîtrise avec brio la flûte traversière et développe son jeu avec assurance dès la première note, utilisant sa technique au service de son inspiration dans une recherche mélodico-rythmique qui lui est propre car c’est elle qui compose le répertoire qui est joué. Son écriture a quelque chose de pictural et les structures des morceaux proposent des alternatives au schéma traditionnel thème-solo-thème-coda ; on est donc agréablement surpris par le déroulement du fil narratif qui laisse une belle place au silence. Medhi Chaïb, aux saxophones ténor et soprano, a lui aussi des choses à raconter. Fusionnant avec finesse et précision dans les parties jouées en contrepoint avec la flûte, il développe un jeu plus mordant dans les chorus, particulièrement au ténor. Le temps s’écoule et la musique se suffit à elle-même ; Naïssam Jalal, pourtant, échange plus que des notes de musique avec le public, lui faisant part de certaines de ses réflexions et convictions intimes. On ne peut que féliciter Robert Peyrillou et son équipe d’ avoir invité Rhythms Of Resistance sur la scène de Souillac en Jazz, rappelant ainsi que c’est par la qualité de la programmation qu’un tel festival peut se targuer de fêter bientôt ses 50 ans. Le public ne s’y est pas trompé en adoptant ce rendez-vous jazz de l’été lotois qui a su conserver sa dimension humaine.