Nomades

Étienne Lecomte est un voyageur. Indéniablement et, à travers sa musique, il arpente – et nous avec – des paysages qui sont autant de sources d’inspiration. On écoute sa musique comme on lirait un livre de Sylvain Tesson.

Dans ce nouvel album, c’est essentiellement en Afrique que se dirigent les pas de Nomades. D’autres bien entendu l’ont fait avant lui – avant eux, puisque si le flûtiste a fondé le groupe, tant Alain Angéli, qu’Alaoua Idir et Laurent Guitton ont eux aussi composé pour ce disque à huit mains. Reste que l’Afrique est une source d’inspiration inépuisable pour la musique occidentale et, quand bien même nombreux sont les musiciens qui s’en sont inspirés, il n’y a pas de bis repetita : Afrique de Nomades est un original.

Tout débute avec le titre éponyme, histoire de planter le décor, où chacun des musiciens avance au gré d’une pulsation, puis vient « Yemma », douce mélodie initiée à la flûte et à l’oud. C’est une invitation au voyage, à se laisser voguer sur un plateau, dans un désert, une ville tentaculaire, à se protéger de la poussière, à humer le sable ou l’océan. Le morceau atteint presque les sept minutes et cette longueur permet aux musiciens de s’exprimer librement et à celui qui écoute de s’évader. Mais l’Afrique est ici un point de départ, une manière de réaffirmer en quelque sorte qu’il s’agit du berceau de l’humanité. « Occitime », qui suit, est un morceau nerveux, une transe néo-traditionnelle qui trouverait sa place aux côtés d’une bourrée ou d’un folklore gascon. Et à mesure qu’avancent les plages du disque, se dessine le voyage comme paradigme. Pour qui suit la carrière d’Étienne Lecomte, on suppose – à raison – que « Highland » est une évocation d’une marche solitaire en Écosse et on déroule ainsi jusqu’à « Romanian », dernière étape construite autour d’un motif qui se répète et se répète comme pour signifier que le voyage n’a pas vocation à s’arrêter.