Chronique

Parisien – Peirani

Abrazo

Émile Parisien (ss), Vincent Peirani (acc).

Label / Distribution : ACT

On peut dire qu’on les attendait, ces deux-là… Six ans se sont écoulés depuis la parution de Belle époque, leur première aventure discographique en duo. Et les voilà qui reviennent, comme surgis du monde d’avant, et surtout comme s’ils venaient tout juste de nous laisser. Émile Parisien et Vincent Peirani, c’est une évidence, se connaissent sur le bout des doigts, ceux-là même qui virevoltent fiévreusement sur les clés d’un saxophone soprano ou les touches d’un accordéon. Pas besoin d’en dire plus sur leur complicité ni sur la virtuosité heureuse qui hante chacune de leurs notes, sans qu’il soit jamais question d’un exercice de style ou d’une démonstration. Tout ça, on le sait.

Après avoir célébré la musique de Sidney Bechet, les deux amis ont choisi de partager leur passion pour le tango. Ils appliquent d’ailleurs une méthode voisine de celle qui avait prévalu à l’occasion de leur première collaboration : aux compositions puisées à la source (Astor Piazzolla, Thomas Gubitsch, Xavier Cugat), ils mêlent les leurs, comme si de rien n’était. C’est une étreinte à tous les sens du mot : en ce que ces différentes musiques se rejoignent et se fondent naturellement, mais aussi en raison du haut niveau d’interaction entre les deux musiciens. On ne pouvait donc imaginer un titre plus approprié que cet Abrazo au charme décidément irrésistible. Très vite, les corps se mettent en mouvement, se rapprochent et entament une danse sensuelle. Il faut oser le mot car c’est sans doute celui qui définit le mieux le climat d’un disque sans âge, sans frontières et totalement décomplexé. Cerise sur le gâteau, après avoir joyeusement ouvert le bal dans la chaleur de « The Crave » (Jerry Roll Morton), Parisien et Peirani s’offrent pour conclure une reprise confondante de poésie avec « Army Dreamers », une composition signée Kate Bush. Frisson garanti !

Chapeau messieurs : pour ne rien vous cacher, on vous attendait un peu au tournant après votre première incartade. Soyez rassurés, on aime tout autant sa suite et on ne tardera pas à vous réclamer la prochaine.