Chronique

Raphaël Faÿs

Paris-Séville

Raphaël Faÿs (g), Julien Cattiaux (g), Claude Moutton (b), Laurent Zeller (vln), José Palomo (perc), Nino Garcia (voc)

Label / Distribution : Frémeaux & Associés

L’un des maîtres du swing manouche mais pas que… Raphaël Faÿs synthétise dans son dernier album sa double appétence pour le jazz hérité de Django et pour le flamenco andalou, faisant naviguer l’auditeur entre Saint-Ouen et Triana [1].

Issu d’un spectacle conviant chant, danse, palmas et basse électrique, ce disque combine de façon tout à fait subtile les deux styles guitaristiques sans que jamais l’un prenne le dessus sur l’autre. Outre sa profonde immersion dans les univers culturels de ces peuples Rrom dont il est un éminent représentant, on sait sa virtuosité trempée dans le meilleur de la guitare classique, l’autorisant à jouer sur les valeurs les plus pures des notes issues de son instrument.

Et surtout, ce jeu flamenco inédit au médiator lui permet de transcender les frontières, à la manière des populations gitanes qui se jouent des limites étatiques malgré toutes les stigmatisations dont elles font encore trop souvent l’objet. Les pistes musicales sont brouillées et c’est tant mieux ! Parsemé de gammes aux sonorités orientales comme les Parigots et les Andalous savent en fourbir, l’album permet de sentir les vibrations du bois de l’instrument, ou même l’attaque si subtile des cordes. Les harmoniques sont tellement somptueuses qu’elles convoquent des sensations visuelles contrastées en plus de ravir l’audition.

Accompagné de musiciens dont on sent l’immense respect qu’ils ont pour son art, M. Faÿs nous guide à travers le labyrinthe de ses émotions musicales ,au point qu’il est malaisé d’en sortir.

par Laurent Dussutour // Publié le 15 septembre 2019
P.-S. :

[1Le quartier gitan historique de Séville.