Chronique

Shadowlands

Ombres

Robin Fincker (ts, cl), Lauren Kinsella (voc), Kit Downes (p, org. Hammond).

Label / Distribution : BMC Records

L’esprit des songwriters anglo-saxons imprègne cet album où Lauren Kinsella glisse sa voix dans des mélopées séculaires, bien entourée par Robin Fincker aux anches et Kit Downes aux claviers. De l’Américaine Emmylou Harris à la Canadienne Leslie Feist, les chants imprégnés de folk et de traditions séculaires se sont métamorphosés au gré des époques : Lauren Kinsella y intègre le jazz tout en prenant soin de préserver l’esthétique mélodique. Le public français a eu l’occasion d’apprécier cette chanteuse au sein du sextet Abhra de Julien Pontvianne. Après avoir exploré les partitions de George Gershwin, Cole Porter et de la paire Richard Rodgers et Oscar Hammerstein, Lauren se plonge ici dans les racines des protest songs , avec les écrits d’Aunt Molly Jackson ou Levi Smith .

La poétesse Molly Drake, mère de Gabrielle l’actrice et de Nick le musicien, est mise à l’honneur avec « Woods In May » et « The First Day » qui conclut sobrement l’album.

Les chants traditionnels se succèdent avec une unité intemporelle, « Death And The Lady », avec sa mise place élégiaque, laisse transparaitre le recueillement, « Roll On Buddy » nous emmène du côté du sacré avec un son sale à l’orgue, dans un esprit soul, et « Georgie » détonne par l’atmosphère naïve qu’installe un chant en solitaire d’une extrême pureté.
L’intonation de la voix de Lauren Kinsella épouse les syllabes et les consonnes des textes, son timbre et son déplacement rythmique vont à l’essentiel sans aucune fioriture. Ces trois artistes s’inscrivent dans la même forme poétique et alternent des morceaux développés avec lenteur et de petites pièces comme « Ech » qui, en une minute, sacralise le souffle. « Ombres », composé par Robin Fincker et qui donne son titre à l’album, se fond dans la mouvance contestataire du disque tout en y apportant une musicalité abstraite.