Chronique

Théo Ceccaldi trio

Django

Théo Ceccaldi (vl), Guillaume Aknine (g), Valentin Ceccaldi (cello)

Label / Distribution : Brouhaha/L’Autre Distribution

Le trio du violoniste Théo Ceccaldi existe depuis presque dix ans et ses membres ont pris de la bouteille. Plus sages, plus responsables (un peu), leur musique s’en ressent. La fougue et l’inventivité colorent toujours leur répertoire, mais il y a moins de notes. Il n’y a plus que les bonnes, les nécessaires. Et cette maturité leur permet d’aborder, non pas un répertoire - nom d’une guitare ! - mais un univers, celui de Django Reinhardt. Il faut préciser qu’il sort environ 3 à 4 tonnes de reprises de Django par an, chaque guitariste à moustache capable de dribbler « Belleville » dans les escaliers à 180 à la noire nous gratifie d’une galette de plus. Le ball-trap manouche a de beaux jours devant lui.

Mais Django, ce disque, fait plus. Il fait mieux : il fait bien.
D’abord le graphisme et la communication orchestrés par Jean-Pascal Retel tapent dans le mille : on joue manouche, mais en pédalo. Terminé les roulottes.
D’autre part, s’il y a bien deux compositions du guitariste inventeur et unique représentant valable du genre jazz-manouche, ce sont surtout des bribes, des phrases qui ont servi d’inspiration aux morceaux proposés ici. Et les autres compositions originales du violoniste Théo Ceccaldi portent en elles ce germe de la musique à cordes et à crin.
Django étant guitariste, c’est fort à propos que Guillaume Aknine joue un rôle bien plus en avant que dans les disques précédents. Non pas qu’il ait été en retrait mais sur ce projet, il manie les styles et les genres avec contraste et énergie, si bien qu’on a l’impression qu’il est plusieurs.
La dimension rythmique de ce genre de musique, habituellement sautillante grâce aux pompes des guitares d’accompagnement, est ici partagée par les trois musiciens. Elle sous-tend l’ensemble, et le violoncelle de Valentin Ceccaldi joue un rôle pivot essentiel. Le costume de Django passe de l’un à l’autre, indépendamment de l’instrument. La couleur musicale est primordiale et vraiment très travaillée, comme ces nappes fluides au milieu de « Balancelle et Chèvrefeuille », comme si c’était l’heure de la sieste ou dans « Six pouces sous mer », avec cette entêtante pulsation.
On peut rassurer les puristes, ça swingue. C’est même tellement swing qu’on ne peut s’empêcher de penser à la modernité de cette musique, celle du trio Ceccaldi.