Chronique

Anne Wolf Trio

Amazone

Anne Wolf (p), Cédric Waterschoot (elb), Chris Joris (perc), Marcia Maria (voc, pandeiro, tamborim).

Label / Distribution : Igloo

Dès le départ, Anne Wolf montre son penchant pour les lignes mélodiques claires, directes et chantantes. Ici, pas de déluges de notes ou d’angles trop abruptes qui risqueraient de semer l’auditeur. La manière extrêmement simple, presque naïve mais très efficace, de laquelle elle double le chant de Marcia Maria en est peut-être l’exemple le plus probant. De sa main gauche elle étoffe son jeu, autant rythmiquement qu’harmoniquement. En accompagnement, elle se concentre sur le rythme et le groove.

Au fur et à mesure des morceaux, l’on se rend compte que les solos de la pianiste ne sont jamais gratuits ou passe-partout. Au contraire, chacun d’entre eux construit une ambiance particulière en relation directe avec le thème. Le souci pour la mélodie fait que son jeu reste toujours très « propre », ce qui dessert Wolf parfois, notamment sur Chorinho do Lobo qui, je pense, aurait mérité un jeu plus débridé.

Les cinq compositions de la pianiste ont souvent des constructions sophistiquées, qui sont tour à tour dynamiques ou calmes, voire contemplatives. Elle est également marquée par les musiques brésiliennes. Ceci explique en partie les reprises choisies, notamment Lôro d’Egberto Gismonti, qui se distingue par sa mélodie martelée et la cloche swingante de Chris Joris.

Joris joue d’un assemblage peu habituel : un gros djembé entre les jambes (joué à la main et aux baguettes), un tom basse et quelques cymbales. Son jeu est particulièrement mis à profit pour créer des atmosphères denses et sombres (Voyage, De Camino). Il ajoute également au répertoire A Four Letter Word, une ballade pleine de tendresse et d’espaces.

Le timbre de la voix de Marcia Maria s’accorde à merveille avec le piano de Wolf et son esprit avec les percussions de Joris (Chorinho do Lobo). Bien qu’elle ait écrit les paroles du morceau-titre, Maria chante le plus souvent des mélodies sans paroles. Ceci est d’autant plus réussi que sa voix n’est pas placée devant mais à côté des autres musiciens. Elle apporte une grande fougue qui sert à dynamiser l’album. C’est elle qui, sur le dernier morceau festif, nous laisse avec le sourire.