Olivier Collette

Le jeune pianiste Olivier Collette, élève de Fred Hersch et Kenny Werner, signe un premier album plein d’ambition : 15 compositions personnelles et 13 musiciens étalés sur deux CDs (vendus au prix d’un seul). Le premier CD s’articule autour du duo Collette-L’Herbette, tandis que les batteurs et les saxophonistes alternent et Deltenre et Seba jouent sur plusieurs morceaux. Le deuxième s’appuie sur la rythmique Collette-Rassinfosse-De Haas, avec Bodson présent sur quatre morceaux et Comte, Abraham et Surin invités pour un thème chacun. Les formations ne dépassent jamais la taille d’un sextette.

Plutôt que de se mettre en avant en tant que soliste, Collette cherche surtout à s’exprimer à travers ses compositions et arrangements. Le premier CD est dédié en grande partie à un travelling musical. Cascatinha (Brésil) et Disanka (Congo) réussissent à créer des ambiances festives, tandis que Sacanage (Cuba ?) construit admirablement une atmosphère plus calme et sombre. Le deuxième CD, dévolu aux ballades et au blues, contient d’une part les belles ballades Chanson du Vieil Amant, Beautiful Silence (avec notamment un duo bugle-accordéon) et Elégiaque d’autre part Invention Jazz, un morceau plein d’humour à mi-chemin entre Bach et dixieland et Hello Mister Blues, un thème lent et triste porté par le bugle de Bodson.

Collette a peut-être été trop ambitieux en signant 15 morceaux : certains ont du mal à convaincre (Shade of Blues, Black Feel) ou ne sont qu’à demi réussis. Par exemple, Il est dommage que la cornemuse irlandaise ne serve que de cliché culturel sans véritable intégration au morceau. Certes, l’ensemble y gagne en cohérence malgré les différents genres visités, mais la personnalité de Collette s’efface derrière celles de ses invités, car leurs solos font beaucoup d’ombre aux compositions. Cela dit, les compositions plus abouties viendront sûrement avec le temps et les albums, et il y a de bons moments à apprécier ici.