Chronique

Jan de Haas

Doing My Thing

Jan de Haas (vib), Nathalie Loriers (p), Hendrik Braeckman (g, g acoustique), Piet Verbist (b), Mimi Verderame (d)

Label / Distribution : De Werf

En décembre 2003, le label brugeois De Werf fête ses dix ans. Même si le point culminant de la discographie werfienne reste le coffret de 10 CDs Finest in Belgian Jazz paru en 2002, il suffit d’en parcourir le catalogue pour constater que ce label s’est attaché à défendre des artistes et des groupes à forte personnalité : le Brussels Jazz Orchestra, Kris Defoort, Ben Sluijs ou encore Octurn ont pu y produire plusieurs albums. Cette dixième année d’existence voit donc naître la quarantième sortie, un joli chiffre bien rond. Doing My Thing s’inscrit dans la suite logique du Lizard Game de Bart Defoort, auquel de Haas avait participé, ré-affirmant, si nécessaire, la remarquable vision d’ensemble de De Werf.

Jan de Haas se produit le plus souvent en batteur, accompagnateur de nombreuses formations sur scène ou en studio. En revanche, quand il enregistre en leader, il en profite pour se mettre au vibraphone et dévoiler un autre aspect de sa personnalité. Ce groupe avait séduit lors du festival Mons en Jazz, notamment grâce à une sélection aussi judicieuse qu’audacieuse de morceaux signés Bill Frisell, Chick Corea ou Steve Swallow. Sur Doing My Thing, ce sont des compositions des membres du groupe qui ont été retenues : cinq signées de Haas, une de Hendrik Braeckman, une de Piet Verbist et une Mimi Verderame.

L’album, compact et cohérent, s’ouvre sur un blues à douze mesures funky, dont l’évidence n’est troublée que par une treizième mesure venue se glisser entre les solos. D’E.G., on retient un motif servant d’intro et d’interlude évoquant le ciel étoilé d’une nuit d’été. Après ces débuts accueillants, on entre en eaux plus troubles avec Ivory Coast Wedding, où la batterie sombre de Verderame et sa clave mouvante donnent au morceau un côté indécis et imprévisible, renforcé lors du solo de Nathalie Loriers. La pianiste, très en forme tout au long de l’album, joue beaucoup sur le rythme.

De Haas est un leader généreuxqui ne cherche pas à s’imposer devant les autres mais plutôt à se fondre dans le collectif, même quand il mène une ballade rêveuse comme Solitude. On croise aussi quelques rythmes latins (Samba for C.) ou fusion (7 over rock), mais c’est la ballade de Braeckman, Nathalie, qui retient l’attention en mariant sa joliesse à une touche d’inquiétude, grâce peut-être à quelques accords « à la James Bond. »