Chronique

Philadelphia Experiment

Uri Caine (p, kb), Christian McBride (b), Ahmir Thompson (d), Pat Martino (g), Jon Swana (tp), Larry Gold (cello).

Label / Distribution : Ropeadope

Le trio du Philadelphia Experiment, Caine, McBride et Thompson, est un all-stars réuni à l’occasion de ce disque tournant autour de la Philadelphie et de sa musique. Ces trois-là, plus quelques amis, se sont retrouvés en studio pendant quelques jours à l’initiative du label, et ont créé cet album. La ville de Philadelphie détermine le choix du répertoire : composition de Sun Ra (« Call for all Demons »), Grover Washington, Jr. cité (« Grover et Mister Magic ») ou encore « Philadelphia Freedom » d’Elton John.

Si Caine et McBride n’ont besoin d’aucune introduction, Thompson est probablement moins connu du milieu jazz. Il est d’abord le batteur-leader du groupe de hip-hop The Roots, ainsi qu’un érudit de la musique populaire noire américaine. Il est ensuite l’un des fers de lance du mouvement neo-soul comprenant D’Angelo, Erykah Badu, Macy Gray, Jill Scott, Bilal, etc. Il est enfin fondateur et animateur indéfatigable du site Okayplayer.

Thompson pose ici son groove caractéristique, léger et régulier, avec des breaks puisés chez la Motown, McBride joue jazz et funk aux basses acoustique et électrique et Caine ajoute un élément d’abstraction tout en se mêlant au groove et au swing.

L’album ne commence vraiment à fonctionner qu’à partir du sixième morceau, « Ain’t It The Truth ». Bien qu’il s’ouvre assez bien avec la drum’n’bass abstraite du morceau-titre, les suivants sont beaucoup moins intéressants, avec des solos qui semblent faire du surplace. Avec « Ain’t It The Truth », on trouve le premier thème mémorable (certains morceaux n’ont pas de thème, avec des résultats inégaux) et la sauce prend. D’autres moments mémorables sont d’abord le duo piano-violoncelle, superbement arrangé, de Philadelphia Freedom, et ensuite les deux morceaux en solo. Solo de Caine d’abord, qui joue joyeusement sur Mister Magic, suivi de McBride qui se démultiplie pour un sublime « Just The Two of Us » funky à souhait, loin de toute mièvrerie.

Une très bonne fin de parcours donc, pour un album qui mêle librement et sans complexe groove, funk et jazz, avec quelques morceaux comme « (re)MOVEd » pour ne pas sombrer dans la facilité.