Scènes

25èmes Transmusicales de Rennes, un aperçu.


Chercher les accents jazz d’un festival de musiques actuelles, se frayer un passage entre parcours Orbital et crossover… En quelques lignes, compte rendu de ces moments uniques des 25èmes Transmusicales de Rennes.

Vendredi 5 décembre au Village, 14h30 Hocus Pocus :
Hocus Pocus est le premier groupe de cette journée, qui se passera en lumière artificielle et sur les différents podiums du Festival. Fender Rhodes aux premières loges, « In A Silent Way » en arrière-plan, Hocus Pocus imbibe son hip-hop acoustique de soul et de funk. Dj Greem, 20syl et Ant-1 recréent sans sampleur les breakbeats d’un hip-hop qui se met à jouer live. Prestation assez novatrice lorsque s’installe entre les musiciens et le dj un digne relais musical. Reste le « flow » : préchi-précha, plein de tics peu comestibles et sans textes novateurs, à l’heure où l’Atelier et le Klub des losers, (génération lycéenne chic convertie au parler banlieue), ont su renouveler vocalement le genre et les textes.
HOCUS POCUS live/acoustic/hip-hop, 2001 CD promo

Vendredi 5 décembre, salle de la Cité, 20h00 Pauline Croze :
Pauline Croze, 24 ans, remplaçante au pied levé de Danni Siciliano (muse démissionnaire que l’on a pu voir avec le Matthew Herbert Big Band) se présente seule en scène et en guitare. Brune au carré à la voix à peine éraillée, elle s’avoue amoureuse des grandes chanteuses de jazz et de Gainsbourg, se risquant même à chahuter la javanaise en version reggae. Musicalement cela donne une impression de bossa folk en français, aux accents rythmiques chaloupés par une fille qui ne fait pas semblant.
Unanime bonheur lors des concerts, elle figure sur la compilation Ce Qu’il Faut Découvrir 2004 des Inrocks avec probablement le plus mauvais choix de titre possible. Pauline Croze laisse ensuite sa place à une espèce d’allumée en crépon rose.

Vendredi 5 décembre, salle de la Cité, 21h20 Cibelle :
Après la bossa accoustique, place à l’électro-bossa de Cibelle, présentée comme une touche-à-tout, allant de la musique au mannequinat ; vu sa cote de popularité, on se demande pourquoi le peuple brésilien ne l’a pas élue présidente à la place de Lula. Loin des joliesses de Bebel Gilberto (l’autre tête d’affiche électro brésilienne) Cibelle sera certainement le mix chic et hybride, voire bâtard, qui cartonnera à partir du 2 février sur la majorité des platines dj’s. Son de dub planant à la Death in Vegas revu et corrigé par une danseuse sortie d’un défilé Courrège. Plus prosaïquement, Cibelle, c’est une jolie bossa que viendrait dépoussiérer un jazz vocal funky et électrique.
Ziriguiboom/Crammed Discs / Warner Jazz France Sortie le 4 février 2004
En concert le 2 avril à Paris au Nouveau Casino.
Vendredi 6 décembre, salle du « Liberté », 23h20 Mu :
Autre moment de je sais quoi : chez les filles, cette année, pour faire de la musique fallait être sérieusement détraquée. Mu - alias Mutsumi - Kanamori, ex-étudiante bombardée chanteuse sur les productions hard house de son mari Maurice Fulton, gesticule dans un corset à paillettes comme une maîtresses de kabuki en proie à des démons intérieurs gutturaux. Elle se contorsionne en tous sens ; pas une once de jazz là-dedans mais cette prestation (entre performance technoïde et karaoké très sauvage sur beat furibard) m’a laissé sans voix.
Mu/Afro Finger And Gel

Samedi 7 décembre, salle de la Cité, 21H05 Sébastien Tellier :
Paradoxal et anormal, Sébastien Tellier est un artiste lunatique qui a décidé (d’après lui ou sa maison de disques) de s’attaquer aux grands malheurs du monde avec Politics, son dernier opus. Look oscillant entre Supertramp et Bee Gees, il monte sur scène en glissant sur les genoux, énervé et excité. Prestation bâclée en une demi-heure, massacre ordonné - comme si, pour écrire de beaux morceaux, il fallait les enfouir sous les oripeaux d’une Peau d’âne mal dégrossie. Il est pourtant capable du meilleur ; malheureusement, pas ce soir-là : il s’est montré plus prompt à casser des bouteilles en sucre sur sa tête et celle de son bassiste. Malgré la présence du batteur Tony Allen, son lyrisme n’aura pas dépassé celui d’un album pourtant très intéressant.
Sébastien Tellier/Politics/Records Makers.

par // Publié le 29 mars 2004