Scènes

Blanc au Black Sheep

A l’occasion de la sortie de leur premier album, Blanc se produisait au Black Sheep de Montpellier.


Arnaud Le Meur par Frank Bigotte

Le trio Blanc est de ces groupes qui militent pour des esthétiques qui n’ont que trop peu voix au chapitre. Aussi les trois musiciens proposent-ils de déclamer des poèmes sur scène et, pour que ces textes soient plus partagés encore, de les mettre en musique. Le Black Sheep de Montpellier accueillait vendredi 20 avril un concert pour la sortie de cet album pas comme les autres et beau comme tout.

The Black Sheep ne se laisse pas appréhender facilement. Car sous son premier aspect de bar à bières - ce qu’il est par ailleurs - se cache une toute petite salle de concert. On se glisse au sous-sol, on passe trois portes après avoir attendu une trentaine de minutes après l’heure annoncée du concert. On éprouverait la motivation des spectateurs que ça nous étonnerait à peine. D’autant plus qu’en cette mi-avril, le temps se prête à flâner en chemisette.

Arnaud Le Meur par Frank Bigotte

Reste que la salle montpelliéraine est chaleureuse et que l’on s’y sent immédiatement à l’aise. La chanteuse Caroline Sentis, qui assure la première partie en duo avec le violoncelliste Bruno Ducret, dira d’ailleurs y être « comme à la maison » et nombre de spectateurs poseront leur séant à même le sol. C’est dire.

Le trio Blanc, lui, y a posé ses bagages une soirée durant pour la sortie de son premier album. Le projet tient en une idée. Il s’agit de mettre en valeur des textes poétiques et ce soir-là on y a rencontré ceux de Pierre Soletti, poète toulousain dont les textes occupent très majoritairement leur premier album, en plus de Boris Vian, Aimé Césaire ou encore Prévert. Les mots ont donc guidé cette soirée. Mais ils n’auraient guère eu d’écho sans la verve et le sens déclamatoire de Nicolas Iarossi. Sa voix éreintée comme il faut, la discrète transe qu’il mène sur scène et sa conviction d’être au service de la poésie et de ces poèmes en particulier, occupent le devant de la scène. On y lit de l’introspection, du recueillement et la volonté d’être habité par la poigne de ces textes. Sinon pourquoi écrire un poème « pour tous les poissons rouges qui nagent dans ma tête » ?

Hervé Duret par Frank Bigotte

Bien sûr, la batterie d’Arnaud Le Meur et la guitare d’Hervé Duret sont au service de ces mots, éléments centraux du projet.Lorsque les deux instrumentistes décollent sur « Je dirai que j’ai raté le train », ce sont des milliers d’images qui s’envolent et viennent prendre place dans chacun des recoins du Black Sheep.

L’ambiance « bon enfant » donnait une chaleureuse humanité au spectateur qui, l’alcool aidant sûrement, commentait librement ce qui se passait sur scène. Quand d’autres dans des conditions semblables nous auraient cassé les oreilles, lui participait à l’évocation de tous ces motifs poétiques.