Chronique

Christophe Wallemme

Namaste

Thomas de Pourquery, Stéphane Guillaume, Matthieu Donarier (s), Nelson Veras, Emmanuel Codjia (g), Stéphane et Prabhu Edouard (perc indiennes), Minino Garay (perc), Stéphane Galland (dm)

Label / Distribution : Bee Jazz

Du trio Prysm avec Pierre de Bethmann et Benjamin Henocq au septet Time Zone, Christophe Wallemme s’impose comme un contrebassiste-leader. Son idiome musical devient de plus en plus personnel et ne cesse de s’enrichir. Namaste, son dernier opus, est là pour le démontrer.

La musique de Wallemme est marquée par l’océan indien… De ses racines mauriciennes et de ses séjours en Inde, le contrebassiste a rapporté un goût prononcé pour les couleurs chatoyantes, les rythmes denses et ces ambiances particulières de fêtes à la fois joyeuses, luxuriantes et raffinées qu’affectionnent les Hindous.

Cette influence indienne (et hindoue) se retrouve à plusieurs niveaux :

Le choix des musiciens : les frères Édouard sont originaires d’Inde et Stéphane Galland est connu pour son travail sur la musique indienne. Sans oublier que les autres artistes du combo sont également de « grands voyageurs exotiques »…

  • L’instrumentation : les tablas, bien sûr, mais aussi la cohabitation acoustique / électrique (les guitares de Nelson Veras et d’Emmanuel Codjia) et percussions séculaires / batterie, symbiose entre tradition et modernisme qui est un fait courant chez les hindous.
  • Les rythmes : avec deux percussionnistes « indiens », un percussionniste sud-américain et un batteur, Wallemme fait la part belle aux peaux et tambours. Les rythmes s’entrelacent, et Namaste nous entraîne dans sa danse de bout en bout.
  • Les titres de sept morceaux sur onze : « Namaste », les fêtes « Holi » et « Diwali », le « Tandoori Groove », « Le temps des moussons », « La Javanaise » et, bien entendu, « Sweet Aum ». A noter que les compositions sont toutes de la plume du contrebassiste à l’exception de « La Javanaise », reprise de Serge Gainsbourg.
  • Les mélodies : plutôt qu’un déroulement horizontal, Wallemme et ses compagnons s’attachent à un développement vertical de la musique avec des jeux de contrepoints, de canons, de rythmes et de voix croisées… Si bien qu’on obtient davantage une « strate mélodique » qu’« une ligne mélodique ».
  • L’atmosphère des morceaux : un mélange d’énergie et de sérénité. Énergie parce que trois soufflants, deux guitares, quatre percussionnistes et un contrebassiste ne peuvent passer inaperçus. Sérénité parce que les musiciens s’écoutent et dialoguent intelligemment sans jamais se couper la parole intempestivement.

Touffu et raffiné, brillant et original, Namaste est un album réussi et, ne vous déplaise, en écoutant Namaste, nous aimerons la vie, le temps de onze chansons…