Estafest

Autoproclamé groupe le plus excentrique de la scène batave, Estafest est avant tout l’alliance chambriste de quatre solistes. Si singularité il y a, c’est dans l’orchestration : pas de percussions, si l’on exclut le cajón du violoniste Oene Van Geel, membre par ailleurs du quatuor ZAPP4 et le piano frappeur de Jeroen van Vliet. Tous deux sont les façonneurs du son d’Estafest, notamment sur le rêveur « Ornette’s Clockwork ». En parallèle, le guitariste Anton Goudsmit est un régulateur de température qui trouve dans le son traînant du saxophoniste Mete Erker un compagnon idéal. Le ténor, d’apparence effacé mais acteur très collectif des chimères environnantes, s’illustre par ailleurs dans le prestigieux Artvark Saxophone Quartet. Excentrique, Estafest ? Le qualificatif siérait mieux à d’autres Hollandais, de Breuker à Govaert. Sous le vernis un peu sage de Bayachrimae, on découvre de beaux échanges (« Gimpy »), qui mériteraient peut être de s’incarner davantage.