Chronique

Tomeka Reid Quartet

17W

Tomeka Reid (cello), Mary Halvorson (g), Jason Roebke (b), Tomas Fujiwara (dms)

Label / Distribution : Thirsty Ear

Membre de l’AACM et violoncelliste virtuose, on a l’habitude de croiser Tomeka Reid aux côtés de grands noms de la scène chicagoanne. Ainsi, elle a accompagné Nicole Mitchell dans son Black Earth ; fait partie du quartet de Roscoe Mitchell, du Loose Assembly de Mike Reed, de l’Opéra Trillium E de Braxton ou encore des formations de la chanteuse Dee Alexander. Mais sa discographie ne se limite pas aux légendes de l’Illinois. En Europe, on l’a vue avec Silvia Bolognesi chez Rudi Records, ou co-signant les cartes postales de Christoph Erb, dont Duope (Elu Citizen Jazz). Le quartet qu’elle présente aujourd’hui est un début en leader qui offre l’occasion d’apprécier par ailleurs la finesse de son écriture.

Pour 17W, elle s’est entourée d’un camarade de Chicago, le contrebassiste Jason Roebke qui ouvre le formidable « Billy Bang’s Bounce » avec son jeu simple et fluide. L’alliance entre les pizzicati de la contrebasse et l’archet de la jeune femme nourrit une discussion d’autant plus riche que la guitare de Mary Halvorson vient ajouter une voix supplémentaire. Son registre, ornemental et plutôt classique dans les premières mesures de cet hommage au violoniste permettent à la violoncelliste de laisser une rage l’envahir pour mieux densifier la masse orchestrale. Lorsque les deux femmes se rejoignent, la roborative base rythmique soutient le morceau afin que la structure reste immuable. Aux côté de Roebke, c’est le New-Yorkais Tomas Fujiwara qui tient la batterie. Très joueur et néanmoins autoritaire, il permet aux cordes de voltiger, de se croiser, voire d’échanger leurs rôles avec euphorie (« Super Nova », un des titre réjouissants de ce disque).

Au regard du parcours de la violoncelliste, on pouvait imaginer une musique complexe et largement improvisée. Bien sûr, « Improv #1 » est une courte irruption dans cet univers. Reid et Halvorson dialoguent sans retenue et annoncent un « Glass Night » plein d’abstraction où la guitariste semble entraîner ses compagnons dans une atmosphère plus éthérée qui convient également à merveille à Roebke, comme le souligne son récent Every Sunday. Mais Reid conçoit 17W comme un joyeux tribut à son environnement musical. Il célèbre une forme de tradition sans pour autant s’en tenir à la seule révérence, en témoigne « Etoile », morceau pétillant qui couronne un premier album très prometteur.