Tribune

Jazz Nomades : la voix est-elle si libre ?


NB :

  • Plus d’info ici
  • Blaise Merlin interviendra au New Morning le 9 mai 2011 aux côtés de Bernard Lubat
  • Un concert de soutien aura lieu le 3 mai 2011 à 20h au Point Ephémère avec Marc Perrone, Serge Teyssot-Gay, Fantasio, Joëlle Léandre, Dgiz et de nombreux artistes.

La liste des reportages consacrés à Jazz Nomades/La voix est libre par Citizen Jazz


Communiqué du 4 avril 2011 :

« Nous venons d’apprendre que pour la première fois depuis 2003, l’ADAMI ne renouvelait pas son aide de 12 000€ (sur un budget de 120 000€) au festival Jazz Nomades/La Voix est Libre, mettant en péril les 14 spectacles (dont 5 créations trans-disciplinaires) présentés cette année ainsi que l’ensemble du travail de notre structure.

L’ADAMI nous avait toujours assuré de sa confiance et expliqué qu’un festival ne pouvait être écarté de son dispositif de soutien sans être prévenu suffisamment à l’avance. Le festival commence dans moins de deux mois, nous avons déjà négocié les contrats, acheté les billets de train et d’avion, engagé le personnel de production et de communication non-permanent.

Depuis bientôt dix ans, Jazz Nomades est l’un des seuls festivals parisien à défendre des artistes inclassables (connus ou pas, qu’il s’agisse de Joëlle Léandre, Akosh S., Dgiz, Fantazio, Catherine Jauniaux, J.-F. Pauvros, Natacha Muslera…) dans une salle parisienne prestigieuse, les Bouffes du Nord. Nous présentons chaque année des projets de créations (qui intègrent le théâtre, la poésie, le cirque et la danse à l’image de Josef Nadj, Camille Boitel, Jörg Müller, Jeanne Mordoj…) devant un public fervent, jeune, mélangé - les dernières éditions se sont jouées à guichets fermés - ainsi que des dizaines de programmateurs, responsables de scènes nationales, CDN, festivals et autres structures venus de toute la France.

Les Bouffes du Nord © F. Journo

La Voix est Libre, c’est aussi une réflexion incessante sur le sens d’une création ouverte, libre et exigeante dans une société en pleine mutation, avec les interventions inoubliables de personnalités telles qu’Édouard Glissant, Albert Jacquard, Serge Latouche, Miguel Benasayag ou encore de l’astrophysicien Trinh Xuan Thuan, toutes visibles sur la page “Libres-Penseurs” de notre site.

En 2011 et 2012, une édition du festival devait avoir lieu au théâtre Garonne à Toulouse et au Channel à Calais, une tournée du festival et de ses créations en Égypte, en Tunisie et au Liban est à l’étude à l’horizon 2013. La Voix est Libre aux Bouffes du Nord demeure la base de lancement des créations et des découvertes que nous défendons toute l’année (reprises au festival d’Avignon/In, au festival d’Aurillac/In, à Paris Quartiers d’Été, à Banlieues Bleues, à la Comédie de Béthune, à l’Opéra de Lyon, au festival MIMI-Marseille, à Royaumont…)

Aujourd’hui l’équipe du festival, qui s’entasse à 4 dans un bureau avec des salaires minimum, travaillerait-elle 10h par jour pour la mort d’un espace d’expression nourrissant l’espoir de toute une génération d’artistes et de spectateurs pour lesquels il est vital de résister au clivage des genres et des identités humaines, à l’économicisation et la segmentation de toute forme de pensée, de création et de rencontres ? Nous n’avons que 29 ou 30 ans, nous sommes encore emplis d’espoir, d’intuitions et de convictions que nous creusons chaque jour un peu plus, poussés par l’énergie, l’amour et la ferveur de milliers de spectateurs, d’artistes, de journalistes et d’intellectuels dans un monde tendant à étouffer le sens le plus intransigeant qu’on puisse encore donner aux mots liberté d’expression, culture, création, vivre-ensemble, déghettoïsation, curiosité, partage…

Est-il utopique de croire que l’on puisse encore défendre ces valeurs sans concession au cœur de notre système économique, social et institutionnel, dans le respect des lois, du code du travail, avec le soutien des institutions et des sociétés civiles ?

Que restera-t-il dans cinq ans, dix ans, vingt ans, si même une action aussi plébiscitée que la nôtre sur le plan médiatique, public, artistique et professionnel (pour ne pas dire éthique, politique et philosophique), encore pleine d’énergie et de promesse, sur le point de défendre des projets artistiques sur le plan national et international, venait à exploser en plein vol ?

Nous ne nous laisserons pas abattre, ce sont dix ans de travail, les cachets de 45 artistes, dont certains n’ont encore jamais joué à Paris dans une salle de la dimension des Bouffes du Nord, qui doivent être sauvés. Ci-joint le programme « en sursis » de cette édition 2011. Nous vous invitons également à lire ce bel entretien pour Mouvement, qui retrace l’histoire de ce projet.

Nous espérons que nous pourrons compter sur votre aide et votre soutien, qu’elle qu’en soit la nature ou la forme. »

  • Blaise Merlin et l’équipe de l’Onde & Cybèle

par // Publié le 15 avril 2011