Chronique

Jean-Philippe Viret

Considérations

Jean-Philippe Viret (b), Edouard Ferlet (p), Antoine Banville (d).

Label / Distribution : Sketch Records

Dès le début l’atmosphère s’installe, « Madame Loire », superbe composition de Viret, dont le lyrisme n’est pas sans rappeler celui des morceaux de Kühn, accroche les oreilles et donne le ‘la’. Voilà une très belle manière de commencer et de mettre en appétit l’auditeur, l’enjeu étant de ne pas le décevoir par la suite ! Que chacun se rassure, il ne sera pas déçu, car cette musique réserve suffisamment de surprises et de plaisir pour que l’on ait envie de la réécouter et de la découvrir avec plus d’approfondissement.

Les compositions sont signées (à l ‘exception d’une d’Antoine Banville) par Edouard Ferlet et par Jean Philippe Viret. Il est intéressant de noter que celles du pianistes sont construites sur des ostinatos obsédants, tandis que celles de Viret partagent plus les rôles (dans l’écriture). Elles jouent sur un équilibre entre les ballades recueillies et des morceaux dynamiques où des changements de rythme, de climats donnent du piquant à l’écoute.

Cela donne une musique qui ne révolutionnera certainement pas le trio piano/basse/batterie, mais qui est efficace (ce qui ne veut pas dire facile) et qui sait atteindre le but qu’elle s’est fixée.

Quand au « leader », il est discret. Nous ne sommes pas en présence d’un disque de bassiste qui tirerait la couverture à lui. Bien au contraire, on a parfois l’impression que c’est le pianiste qui est le plus à la fête dans « Considérations ». Jean Philippe Viret est donc bel et bien dans la peau du bassiste, c’est à dire de celui qui est le pouls de la musique. Dans ses interventions, souvent aux doigts, il développe un langage qui recherche plus la mélodie que la virtuosité. Par moment à l’archet, sons sens de l’espace rappelle Renaud Garcia Fond, avec de temps en temps une justesse un peu hasardeuse. Peu importe ! Le cœur et l’envie sont là, non seulement dans le jeu de Viret, mais dans le son du trio. Et c’est bien l’essentiel, les musiciens réussissent à faire partager le bonheur qu’ils ont à jouer leur musique, et c’est tout ce qu’on est en droit de leur demander !