Chronique

Jewels and Binoculars

Ships with Tattooed Sails

Michael Moore (sa, clarinette, cl b), mélodica ; Lindsey Horner (cb) ; Michael Vatcher (dr, perc) ; invité sur trois titres : Bill Frisell (g).

Label / Distribution : Upshot Records

Suite des aventures de ce passionnant trio formé de Michael Moore, Lindsey Horner et Michael Vatcher au début des années 2000. Après deux premiers volumes (Jewels and Binoculars et Floater) publiés sur le label de Michael Moore (à ne pas confondre avec le cinéaste !), Ramboy, Ships with Tattooed Sails paraît sur celui de Lindsey Horner, Upshot Records.

On connaît peut-être plus Michael Moore pour sa participation à Clusone 3 que pour ce projet, qui n’a pourtant rien d’un « coup » et se poursuit avec bonheur. Le terrain de jeu du trio est toujours l’exploration des compositions de Bob Dylan. Deux écueils ont été évités : ici ni hommage respectueux ni détournement à tout prix. La musique de Dylan est simplement prise pour ce qu’elle est : de magnifiques chansons (blues, folk, chanson anglaise…). La véritable trouvaille du trio est sans doute dans cette prise de conscience : les chansons « tiennent » sans les paroles. Loin d’être jazzifiées, ces perles peuvent alors être le point de départ de généreuses improvisations. Au demeurant, même ceux qui ne sont pas familiers des chansons de Dylan y trouveront leur compte. Citons « Spirit on the Water », « Gates of Eden », « I Believe in You » ou encore « Father of Night ».

La musique de ce dernier est célébrée avec naturel par un groupe qui en est totalement imprégné et pour qui elle fait vraiment sens. Les trois musiciens, qui ont ainsi un pied en Amérique et un autre en Europe (il y a quelque chose de très européen dans le jeu de batterie de Michael Vacher qui, pourtant, colle parfaitement aux morceaux), sont disponibles, à l’écoute, à son service. Dans ce contexte de sobriété, la contrebasse de Lindsey Horner assure, outre sa fonction pulsatrice, une grande part de l’harmonie. Par ailleurs, ce dernier place çà et là des chorus d’une rare beauté. Quant à Michael Moore, inspiré quel que soit l’instrument, c’est à la clarinette basse qu’il procure le grand frisson.

La bonne idée, et la bonne surprise, pour ce troisième disque, est d’avoir invité Bill Frisell : le jeu de ce guitariste sied comme un gant à l’univers de Dylan. C’est une telle évidence qu’on se demande comment personne n’y avait encore pensé : le blues-folk de Frisell comme écho à celui de Dylan !

par // Publié le 14 mai 2008