Chronique

Black Lives

People of Earth

+ orchestre

Label / Distribution : Jammin’ Colors

Black Lives, collectif réuni autour du bassiste Reggie Washington, œuvre sous l’impulsion de son épouse Stefany Calembert à l’accomplissement d’un rêve musical autant qu’à visée sociale. Ses musicien·ne·s originaires des États-Unis, d’Afrique, des Caraïbes et d’Europe, sont uni·e·s par un langage commun dans une lutte contre le racisme, pour l’égalité et la justice. Dans une convergence des esthétiques musicales et culturelles – jazz, soul, funk, hip hop, blues… – prend forme une déclaration d’amour en même temps qu’un acte de résistance. C’est une croyance forte en demain : « En nous unissant, en luttant, le changement est possible ». La force de Black Lives est sa capacité à fédérer les énergies d’artistes chevronnés qui mettent leur talent et leur personnalité au service de tout le groupe. Sa musique offre le spectacle d’une synergie intergénérationnelle, plus que jamais fondamentale en nos temps troubles où paroles de haine et racisme se répandent à grande vitesse.

People of Earth s’inscrit dans la droite ligne de son prédécesseur From Generation to Generation, avec une évolution importante dans la mesure où son répertoire fut composé à la faveur de tournées de Black Lives en Europe, en 2022 et 2023, dont nous avions rendu compte ici. Les musiciens ont travaillé ensemble à cette nouvelle création, qui bénéficie par conséquent d’un supplément d’énergie et de cohésion. Il est restitué au long d’une quinzaine de compositions pour la plupart inédites [1] et toutes pleinement habitées. On saluera au passage l’arrivée de Pierrick Pédron. Le saxophoniste intègre une équipe dont le leader bassiste connaît la solidarité de chacun des membres. Ils sont vingt-six au total pour ce disque, côte à côte, unis et désireux de faire ressentir au plus près le pouvoir de leurs musiques, traversées de colères et de révolte certes, mais dont on soulignera aussi la dimension festive, le caractère lumineux et tout l’espoir qu’elles portent. On vibre à cette aventure émouvante, brûlante, consciente, militante et optimiste malgré tout, sous les effets d’une force sous-jacente portée par l’idée d’une communion des cœurs et d’une élévation des esprits.

L’histoire d’amour racontée par Black Lives est en marche : dédiée à tous les enfants du monde, cette deuxième étape, toute en générosité et fièvre, est aussi une promesse pour les temps à venir. On brûle d’impatience de la vivre sur scène, au plus près des musiciens et de leur vibration. On veut aussi, dès à présent, en connaître la suite.

par Denis Desassis // Publié le 14 avril 2024
P.-S. :

Avec : Jean-Paul Bourelly (g, voc), Christie Dashiell (voc), Adam Falcon (voc, g), David Gilmore (g), Marque Gilmore (dms, perc), Federico González Peña (kb, perc), DJ Grazzhoppa (platines), Gene Lake (dms), Andy Milne (p), Pierrick Pédron (as), Tutu Puoane (voc), Grégory Privat (p, kb), Jacques Schwarz-Bart (ts), Sharrif Simmons (spoken word), Marcus Strickland (ss, ts, clb), Sonny Troupé (ka dm, perc), Reggie Washington (b, elb, voc) + Elom 20ce (voc), Miles Karlin (b), Stephanie McKay (voc), Mars Milton (g), Dart Mortis (kb), Ezra Schwarz-Bart (voc), Julian Singh (dms), Joaquim Tivoukou (voc), Slam T Wig (dms).

[1À l’exception d’une reprise de « Move » signée Jef Lee Johnson et d’une nouvelle version de « Better Days » d’Adam Falcon.