Chronique

Katy Roberts

Live à l’Archipel

Katy Roberts (p), Rasul Siddik (tp, bugle), Salim Washington (ts, fl), Dominique Lemerle (b), Brian Wilson (d).

La pianiste américaine Katy Roberts vit à Paris depuis plus d’une dizaine d’années. Son jeu traduit une grande maturité et un profond respect envers la musique. Voir la pianiste en concert est une expérience inoubliable. Ce disque, Live à l’Archipel, reflète parfaitement la musique de Katy Roberts.

Grande admiratrice de la musique des années 60 et 70, la pianiste interprète ici des compositions de Woody Shaw, Joe Henderson, Lee Morgan, Rogers and Hart, mais aussi deux de ses compositions.
Très respectueuse du travail du trompettiste Woody Shaw, c’est tout naturellement qu’elle choisit une de ses compositions en ouverture : « Zoltan ». Sur ce thème, le saxophoniste Salim Washington et le trompettiste Rasul Siddik prennent chacun un solo dans le style bop rageur. « Carol’s Caprice », de Katy Roberts, met en avant ses qualités de finesse et de créativité. Après une introduction toute en variations, le solo fait preuve d’une belle musicalité pleine de couleurs. Le jeu puissant de Washington au ténor apporte force et liberté. Vient ensuite un medley de deux grands standards : « You Are Too Beautiful » et « Lush Life ». Roberts expose le thème du premier standard, suivie sur « Lush Life » par Salim Washington qui, à la manière d’un Archie Shepp, rend ce standard rugueux mais plein d’émotion.
Avec « Shade of Jade », composition de Joe Henderson, c’est tout le côté bop de Katy Roberts qui explose. Rasul Siddik prend un solo puissant, propre au style de Woody Shaw. Le solo de la pianiste renferme de belles variations blues. « Oliver Missed The Spring » est un balade écrite par Roberts en hommage au batteur Oliver Johnson. L’exposition du thème se fait par la trompette bouchée de Siddik soutenue par la flûte de Washington. Ces derniers font ensuite un solo marqué par beaucoup de douceur et de finesse. La reprise du thème s’achève sur trente secondes de free jazz. Ce concert se termine sur une composition du trompettiste Lee Morgan : « Gigolo », thème phare des années hard-bop ; le quintet en donne une interprétation très personnelle, à la limite du free jazz.

La musique de Katy Roberts est synonyme de richesse et de profondeur. Son goût du risque lui permet de voir au-delà de la simple interprétation des standards et de proposer ainsi une musique créative et passionnante.