Chronique

Kenny Barron

Live at Bradley’s

Kenny Barron (p), Ray Drummond (b), Ben Riley (d).

Label / Distribution : Gitanes Jazz / Universal

C’est l’époque des garriguettes. Il faut goûter ces fraises, en ce moment, pour se rendre compte qu’ailleurs et tout le reste de l’année - on trouve des fraises à toutes les périodes - on ne mange qu’un fruit insipide, sans corps ni âme. Il en va de même pour Kenny Barron. L’écouter est un rare plaisir. Enfin un pianiste, un vrai. Il vous dégoûterait presque des autres musiciens qui prétendent jouer de cet instrument. Puissance virile à l’heure de l’avachissement mou sur les touches noires et blanches… Cette puissance, Barron l’avait mise au service d’un Stan Getz épuisé et malade qu’il soutenait avec élégance lors des derniers concerts du saxophoniste. Elle s’affiche ici aux côtés de deux grands artistes : Ray Drummond (cb), mélodiquement remarquable dans ses solos et Ben Riley (d), tout en finesse et sûreté. Les conditions – un concert, enregistré à New York en 1996 – ne font qu’augmenter les qualités de l’enregistrement : audace, développement et swing communicatif. Quinze minutes de « Everybody Loves My Baby » sont quinze minutes de plaisir jubilatoire qui, si tout le reste du disque n’était pas également magnifique, vous suffirait pour courir l’acheter.