Chronique

Knut Rössler/Johannes Vogt

Between The Times

Knut Rössler (ss, alto fl), Johannes Vogt (luth baroque, synth), Miroslav Vitous (cb), Mani Neumeier (perc)

Label / Distribution : ACT

Musiciens allemands et compagnons de route de Michael Wollny et Heinz Sauer, Knut Rössler et Johannes Vogt, respectivement saxophoniste et joueur de luth, nous proposent un disque surprenant…

Dix pièces sont signées Rössler et Vogt, une Rössler, Vogt et Werner Goos, co-producteur du CD. Mais il s’agit plutôt d’adaptations et d’improvisations autour de pièces de compositeurs baroques français du XVIIè (Ennemond Gaultier, Denis Gaultier, Pierre Dubut et fils, Jacques Gallot), de paraphrases mélodiques du thème original qui, lui, est intégralement respecté : une fois énoncé avec délicatesse et rêverie, il est intégré harmoniquement dans le contexte d’une improvisation modale (d’où la répétition) qui n’est guère comparable à celle que l’on trouve dans le jazz : le saxophoniste double les lignes de luth, celui-ci, virtuose, improvise très peu, sans vraiment s’écarter de la mélodie, etc.

L’apport de Miroslav Vitous à la contrebasse est déterminant pour, justement, l’aspect « jazz » de l’oeuvre. Son son rond et rassurant apporte une vibration étrangère au baroque ambiant… tout en essayant lui-même de sonner « baroque » ! C’est d’ailleurs cette ambiguïté qui fait tout le charme de ses interventions, et ce qui constitue l’aspect le plus étonnant du projet.

A l’époque, il était de bon ton d’ornementer, de broder, d’improviser des cadences. La démarche de Rössler et Vogt est donc légitime : ouvrir le canevas fixe du baroque à l’improvisation, proposer une « renaissance » de cette musique. Mais si le résultat est plein de délicatesse et de préciosité, l’auditeur n’y perçoit pas d’emblée l’improvisation telle on peut l’attendre en jazz. On navigue plutôt dans une atmosphère baroque aux sonorités modernes, qui retient l’attention par ses couleurs et ses paysages.