Chronique

[LIVRE] Jackie Kay

Le Trompettiste était une femme

Label / Distribution : Hachette

Après avoir écrit plusieurs recueils de poèmes, Jackie Ray s’attaque avec brio au genre romanesque puisqu’elle remporte en 1998 le « Guardian Fiction Prize » pour Le Trompettiste était une femme.
Dans ce premier roman, qui vient d’être publié en France, elle a choisi l’univers du jazz comme toile de fond pour le récit. En effet, tout commence par le décès d’un célèbre trompettiste de jazz prénommé Joss Moody. Alors que devrait venir le temps des hommages dithyrambiques, une révélation des plus surprenantes vient ternir le souvenir de Joss Moody dans l’esprit du public : Joss Moody était une femme ! La sphère privée du trompettiste disparu vient alors heurter de plein-fouet la sphère publique et de nombreuses questions surgissent quant à ce « terrible » secret si bien gardé par Joss et sa femme pendant tant d’années. La presse se déchaîne ; tous les gros titres font référence à cette découverte. Colman, son fils adoptif, était-il au courant ? Quelles sont les raisons du travestissement de Joss Moody ? Sophie Stone, journaliste désirant écrire un livre sur lui, va tenter de trouver une réponse à ces questions en cherchant dans le passé du trompettiste, auprès de sa famille et de ses connaissances. Mais est-elle intègre ? Comment vont réagir les proches de Joss Moody face à sa détermination ? Ces questions trouvent leur réponse au fil du roman. Le travestissement de Joss Moody est abordé de façon très pudique par l’auteur. Et le secret restera bien gardé quant aux causes de cette transformation physique : était-ce un choix intime ou une manière de pouvoir devenir musicien, à une époque où les femmes étaient plus difficilement acceptées dans ce milieu ? C’est au lecteur de se faire sa propre opinion, au travers des témoignages et points de vue des différents protagonistes ponctuant le récit.
Le Trompettiste était une femme est un roman à plusieurs voix excellemment construit et profondément humain, au rythme tantôt saccadé, tantôt langoureux, telles les mélodies que devait probablement jouer Joss Moody…