Legraux Tobrogoï

Legraux Tobrogoï, c’est un sextet de furieux musiciens lâchés sans aucun filet de sécurité et qui, lourdement armés d’instruments qu’ils éprouvent bien comme il faut, viennent mettre la scène à feu et à sang. Car Pantagruel Résolu est du genre à réveiller les morts et agiter les campagnes. Avec son air de méchant groupe qui envoie du lourd, le band déménage, et pas qu’un peu. On avait croisé bon nombre d’entre eux dans des formations tout aussi – et fort heureusement – iconoclastes. Florian Nastorg, ici au sax baryton, Fabien Duscombs ou encore Nathanaël Renoux sont par exemple impliqués dans le collectif Freddy Morezon et on avait croisé Colin Jore et Yvan Picault – tout deux fondateurs, avec Franck Dadure, de Tobrogoï – dans Nilok 4tet. Bref, que Legraux Tobrogoï propose une musique qui décoiffe n’étonnera pas.

Le projet allie, avec l’élégance des grands, des contrastes fort marqués. Ici un très grand sérieux et un esprit potache comme tout. En témoignent si besoin les titres des morceaux. De « Un slip et des bottes » – le minimum, soit dit en passant – à « Arrête ton char » en passant par le mi-onomatopée mi-programme politique « Oil ! Oil ! Oil ! », tout semble ici montrer un souci de la rigolade et de la dérision. Mais la musique est on ne peut plus sérieuse. Implacablement même. On y trouve des traces de rock, de musique populaire, de jazz bien entendu, mais surtout l’ensemble laisse voir et entrevoir mille et un motifs narratifs à travers lesquels les mélomanes d’ici et d’ailleurs peuvent s’inventer autant d’histoires. Chapeau bas !