Chronique

Lucky Thompson & Oscar Pettiford

Lucky Thompson Meets Oscar Pettiford

Lucky Thompson (ts), Jimmly Cleveland (tb), Skeeter Best (g), Hank Jones (p), Don Abney (p), Oscar Pettiford (b), Osie Johnson (dm).

Label / Distribution : Fresh Sound Records

Dans sa collection dédiée aux re-éditions, Fresh Sound reprend des enregistrements réalisés par Lucky Thompson et Oscar Pettiford en 1956, qui donnèrent lieu à deux 33-tours pour ABC.

La première partie est un quintet qui, outre Thompson et Pettiford, comprend : au trombone Jimmy Cleveland, excellent technicien et habitué des studios ; au piano, l’aîné des frères Jones, le célèbre Hank, ou Don Abney, entendu avec maintes chanteuses et le JATP ; derrière les fûts, un batteur trop peu connu, Osie Jonhson. Ce quintet joue sept morceaux composés exclusivement par Thompson.

La deuxième partie de l’album est en trio avec le guitariste Skeeter Best, peu connu, mais partenaire régulier du contrebassiste. Sur le seizième et dernier morceau, Abney remplace Best. Hormis « Tricotism », signé Pettiford, et « Body And Soul », les thèmes sont du ténor, avec « Op Meets Lt » également crédité au contrebassiste.

La musique du quintet et du trio est bien ancrée dans un bop dynamique - c’est presque un pléonasme. Les thèmes de Thompson, simples et vifs, conviennent parfaitement à l’esprit des musiciens et servent efficacement leurs improvisations.

Thompson fait partie des ténors puissants à la sonorité forte, qu’un vibrato ample rend parfois épaisse. Il combine astucieusement phrases rapides et notes isolées, avec la décontraction trompeuse qui le caractérise. Ses lignes mélodiques sont élégantes, spirituelles, et vont droit au but, comme le résume bien le morceau « The Plain But Simple Truth ». Pettiford soutient imperturbablement le combo, et ses solos s’intègrent dans la continuité rythmique des morceaux. Les passages en « nœud papillon » avec le ténor sont d’un bel effet : deux voix convergent vers un unisson avant de repartir (« Dancing Sunbeam »). Le jeu de Cleveland est « classique », inspiré et plein de swing. Hank Jones est l’archétype du pianiste be-bop : solos nerveux, alternance de contre-chants et d’accords subtils derrière les solistes, mise en place précise… Précision rythmique renforcée par Johnson dont la présence discrète et toujours de bon goût a de quoi rassurer. Les solistes n’ont plus qu’à jouer !

En trio, Thompson et Pettiford s’appuient sur Best, confiné dans un rôle harmonique : il ne prend que deux solos, intéressants et bien construits. Les huit plages valent le détour pour les dialogues entre le ténor et la contrebasse, et les solos de Thompson, tout en suspension, d’une légèreté (fragilité ?) raffinée et émouvante.

Rien que pour le quintet LT Meets OP serait déjà un très bon disque de be-bop, mais les trios en font album excellent, témoignage du talent souvent sous-estimé de Eli « Unlucky » Thompson, décédé il y a deux ans.

par Bob Hatteau // Publié le 29 janvier 2007
P.-S. :
  • « Tom-Kattin » Lucky Thompson (5’02)
  • « Old Reliable » Lucky Thompson (4’02)
  • « A Lady’s Vanity » Lucky Thompson (5’11)
  • « Translation » Lucky Thompson (4’02)
  • « Nr. # 1 » Lucky Thompson (4’38)
  • « Nr. # 2 » Lucky Thompson (3’09)
  • « Good Luck » Lucky Thompson (4’35)
  • « Tricotism » Oscar Pettiford (4’35)
  • « Bo-Bi My Boy » Lucky Thompson (3’55)
  • « Body and Soul » Johnny Green, Edward Heyman, Robert Sour & Franck Eyton (4’31)
  • « Op Meets Lt » Lucky Thompson & Oscar Pettiford (3’52)
  • « Dancing Sunbeam » Lucky Thompson (3’08)
  • « Little Tenderfoot » Lucky Thompson (2’49)
  • « The Plain But The Simple Truth » Lucky Thompson (4’45)
  • « Mister Man » Lucky Thompson (3’32)
  • « Once There Was » Lucky Thompson (4’03)