Chronique

Michelangelo Scandroglio

Gently Broken

Label / Distribution : Auand

Plusieurs directions se croisent, se côtoient, s’éloignent pour ne plus apparaître. Gently Broken, fruit du contrebassiste Michelangelo Scandroglio, cherche à éviter les poncifs du jazz ainsi que des musiques électroniques. C’est plutôt à une ossature solide et compacte auquel on a droit, chaque composition est balisée et les zones où les improvisations se déroulent restent bien définies. La typologie de cette musique s’installe progressivement avec des claviers déferlants et des rythmes binaires.

A l’orée de sa carrière musicale, le contrebassiste Michelangelo Scandroglio a bénéficié d’une rencontre décisive, il débute son apprentissage avec le fameux bassiste d’Area, Ares Tavolazzi qui est l’une des références de l’âge d’or où rock électrique, jazz libertaire et krautrock se mélangeaient. Très vite, les expériences vécues avec Furio Di Castri, Aaron Parks, Miguel Zenon viennent enrichir son langage musical. Son premier album In the Eyes of the Whale est remarqué et il se produit dans différents projets autour du monde. Gently Broken est son nouveau groupe qui donne son nom à cet album traversé par une multitude d’influences.

« Extraction - Act I » inclut une connotation semblable aux claviers expérimentaux usités dans les années soixante-dix, la rythmique universellement précise convient à des compostions brèves qui au plus fort n’excèdent pas les quatre minutes onze pour « Danubio/Insight ». Très brefs, la durée des morceaux se situe aux alentours de deux minutes pour la plupart d’entre eux. Une esthétique post-moderne faite d’imbrications musicales comme dans « Premonition - Act II », souligné par les arpèges de la guitare de Luca Zennaro, et « Deduction - Act III », animé par ses mouvements répétitifs. Le piano acoustique de Rupert Cox se marie à la voix soul de Liselotte Ostblom qui tranche avec la dimension numérique des autres compositions. Mention spéciale pour le trompettiste Christos Stylianides qui fait rayonner « Deconstruction Act - V » et « Subtraction Act - VI ».

La détermination de Michelangelo Scandroglio évolue vers des irradiations qui proposent des envolées originales comme avec « Disruption Act - VII », beaucoup plus orienté vers l’abstraction.

par Mario Borroni // Publié le 12 août 2024
P.-S. :

Michelangelo Scandroglio (b), Luca Zennaro (g), Rupert Cox (p, synth), Luiz Vinoza (d, electronics - p, synth on 6) + Francesco Pianconesi (ts on 7), Liselotte Ostblom (voc on 5), Christos Stylianides (tp on 2,9,10), Stefano Bechini (tubular bells, synth, mellotron, samplers on 1,2,7,12,14), PPIERRRRE (synth on 6), Riccardo Tesorini (beat production on 11)