
Neil Cowley
Displaced
Neil Cowley (p), Richard Sadler (cb), Evan Jenkins (dr)
Label / Distribution : HideInside
Constitué de musiciens anglais, le trio de Neil Cowley est assez peu connu en France alors qu’il tourne en Europe. Displaced est son premier CD [1]. Ce trio piano/contrebasse/batterie dans la lignée des power trios joue un jazz musclé et tendre à la fois. Musclé par la batterie parfois virulente avec une basse lourde sur des riffs rock en boucle, tendre par ses nombreuses et délicieuses ballades.
Outre sa musique majoritairement acoustique [2], Neil Cowley cultive quelques particularités : il signe les quatorze titres du disque sans passer par la case « reprise », phénomène caractéristique et actuel au sein des power trios, et il est doué pour la ballade comme pour le rock. Dans un souci d’équité, il a d’ailleurs écrit sept morceaux de chaque… Ainsi, « Taller Than Me », « Pair of Teeth » et « Degree in Intuition » sont des airs simples, en arpèges, dont les thèmes répétés aboutissent à de grandes envolées aux colorations rock. Elles font irrésistiblement penser aux ambiances d’E.S.T.. « Little Secret », « How Do We Catch Up ? », - « Pinball Number Count » ou « Pillar To Post », morceaux rock aux riffs dynamiques, tirent davantage vers The Bad Plus. Ces deux inspirations semblent essentielles à l’art du Neil Cowley Trio. « Taller Than Me » fait même le lien entre les deux mondes : très rock, il a forme d’hommage et n’est agrémenté que d’effets sonores ajoutés en post-production.
Plus concis que lyrique, le jeu de Cowley s’apparente plus à celui d’Evan Iverson [3] qu’à celui d’Esbjörn Svensson. Mais il serait injuste de résumer sa musique à une simple comparaison avec celle de ses pairs les plus en vue. Certaines pièces sortent de ce canevas réducteur. L’introduction latino de « She Eats Flies », la couleur mainstream 60’s de « That’s my Space » et la très belle écriture de « Clown Town » (avec ses ruptures entre les courtes figures rythmiques et pianistiques) montrent que Cowley ne manque pas d’inspiration.
Courts, les morceaux ne permettent pas suffisamment aux musiciens de s’exprimer ; nous attendons donc avec impatience d’écouter sur scène (pourquoi pas en France ?) ce trio anglais plutôt prometteur…