Chronique

Joshua Redman

Where are we

Joshua Redman (ts), Brian Blade (dm), Gabrielle Cavassa (voc), Aaron Parks (p), Joe Sanders (b) + Nicholas Payton (tp), Kurt Rosenwinkel (g), Peter Bernstein (g), Joel Ross (vib).

Label / Distribution : Blue Note

Pour son premier album sur Blue Note, Joshua Redman convoque une topographie sensible des États-Unis, alignant des standards et des reprises folk et pop (Dylan, Springsteen) avec une équipe d’exception. Chaque plage du disque est ainsi consacrée à une ville ou un territoire.

Le morceau d’ouverture, « After Minneapolis », évoque l’assassinat de George Floyd par un policier. Le saxophoniste, récusant l’appellation d’« artiste politique », n’en cite pas moins quelques notes de « This Land Is Your Land » du folksinger antifasciste Woody Guthrie. Belle suite consacrée à l’Alabama également, entre le standard « Stars Fell On Alabama » et le titre de Coltrane - dont on sait qu’il s’agissait d’une dénonciation de l’attentat raciste qui coûta la vie à quatre gamines à Birmingham en 1964.

Les différents titres ont été sélectionnés avec la chanteuse Gabrielle Cavassa, dont les inflexions vocales nu-soul confèrent une certaine jeunesse à l’ensemble, même si, sur « By The Time I Get to Phoenix », le dialogue avec le sax de Redman n’est pas sans rappeler les joutes d’amour courtois auxquelles s’adonnaient Billie Holiday et Lester Young.

Les guitaristes les plus en vue ont été conviés sur le disque, représentant chacun leur ville (Peter Bernstein pour New-York, Kurt Rosenwinkel pour Philadelphie), mais bien malin sera celle ou celui qui saura les identifier en fonction de leur topos original. On retrouve aussi le trompettiste néo-orléanais Nicholas Payton pour une évocation de la métropole créole. Avec, à la direction musicale, ce son orchestral de saxophone ténor qui est la marque de fabrique du leader.