Cet album est tout bonnement inclassable et ce n’est pas une surprise qu’il soit édité sous le label Hubro. Ce n’est certes pas le premier album à s’inscrire en-dehors de toute classification. Sauf qu’avec Musikk ! on se trouve bien en peine de faire des liens.
L’instrumentation peut faire penser à un univers jazz puisqu’on trouve en majorité des instruments « ordinaires » - si tant est que ce mot ait une signification. Claviers, guitare, trompette, trombone, pour ne citer que ceux-là, restent en effet des grands classiques du jazz. C’est leur usage qui nous interroge ici. On est quelquefois bien en peine d’identifier celui-ci plutôt que celui-là. On entend, dès les premières mesures, que les percussions – en l’occurrence celles de Hans Hulbækmo – sont fondamentales. Qu’il signe ici quatre des six compositions ne surprendra pas. C’est plaintif mais pas seulement : le même morceau peut prendre des allures circassiennes ou bruitistes. C’est notamment le cas de « Musikk ! » qui ouvre l’album. Quelquefois c’est plus rugueux et le point d’exclamation vient prendre ici toute sa signification. On pourrait dire qu’il s’agit d’ambiance mais le terme a été malheureusement utilisé pour désigner des musiques d’ascenseur – soit dit en passant, y a-t-il réellement de la musique dans les ascenseurs ? C’est pourtant par ce côté qu’il faut chercher à appréhender cet album. Dès lors on aura tout loisir de l’imaginer sinistre ou au contraire joyeux. On y trouvera des plages presque enfantines comme le tout début de « Kallet ».
« Musikk ! » n’est pas le premier album à résister à toute catégorisation. Nombre de disques s’affranchissent volontiers des styles identifiés mais celui-ci pousse à son paroxysme ce paradigme.