Chronique

Erlend Apneseth

Fragmentarium

Erlend Apneseth (vl Hardanger) Stein Urheim (eg, bouzouki, électronique), Anja Lauvdal (p, synthétiseur), Hans Hulbækmo (dm), Fredrik Luhr Dietrichson (cb), Ida Løvli Hidle (accordéon)

Label / Distribution : Hubro

Un an à peine après Salika Molika sorti en trio élargi, le violoniste norvégien Erlend Apneseth revient avec une formation en sextet qui travaille avec soin les textures de groupe et l’homogénéité du geste. Cette musique expressive et délicate qui entend poser des climats amples en déroulant des idées multiples, compose un patchwork dans lequel on peut entendre une musique du fond des âges (à laquelle le violoniste est irrémédiablement attaché) comme des couleurs beaucoup plus contemporaines.

Au long des méandres d’un fleuve longeant des berges hétéroclites, l’oreille flâne à l’écoute de ces sonorités lointaines, changeantes comme un kaléidoscope. Invitée ici par un violon chantant évocateur de danses lascives, elle s’accroche plus loin à la guitare pink-floydienne de Stein Hurem qui pose des atmosphères d’une pure électricité lyrique.

La capacité à tout faire tenir ensemble n’est pas la moindre des surprises de cette déambulation incantatoire. Au bout du compte, elle laisse apparaître un monde évanescent pareil à un rêve, et pourtant prégnant. Preuve de la faculté de ces musiciens à dire beaucoup avec peu, le disque est long de seulement trente-trois minutes mais il est habité comme une histoire au long cours.