Chronique

Katharina Weber

In Marta’s Garden, piano solo

Katharina Weber (p)

Label / Distribution : Intakt Records

S’il s’agit d’un piano solo, on peut toutefois envisager cet album comme celui d’un trio car, derrière le jeu d’écriture et d’improvisation de Katharina Weber, il y a Marta et György Kurtág. Le texte qui accompagne le livret du disque est d’ailleurs intitulé « In Marta’s Garden, Resonances, Reflections on Kurtág ». Tout est dit ou presque, mais on s’attarderait volontiers sur le caractère polysémique de « Resonances ». En tout cas, c’est ce terme qui est programmatique de ce disque. La musique – très austère – de ce piano solo vient en résonance à plusieurs titres : d’abord parce que Katharina Weber s’est nourrie de l’écriture musicale et des interprétations des Kurtág, faisant des allers-retours avec la Hongrie pour les rencontrer et s’imprégner de leur sens musical ; ensuite car la pianiste suisse a régulièrement envoyé ses propres compositions aux Kurtág. Enfin, car l’influence des époux hongrois a laissé – ce sont ses termes – « une marque indélébile » sur le travail de Katharina Weber.

Il y avait au moins un précédent puisque Weber avait publié – il y a dix ans – en trio avec Barry Guy et Balts Nill, Games And Improvisations : Hommage à György Kurtág. C’est dire s’il s’agit d’une source nourricière.

Mais on pourrait tout aussi bien s’arrêter sur les termes « Marta’s Garden ». On imagine volontiers les discussions d’esthètes autour de l’écriture musicale, autour de bribes de partitions ou de pièces entièrement réalisées ; on imagine les annotations au gré de ses discussions, du thé et des biscuits qui les accompagnent dans le jardin de Marta Kurtág. Mais on comprend que derrière le mot « jardin », il est surtout question de for intérieur, de suc, d’essence. On notera enfin que le premier et le dernier morceaux sont des compositions de György Kurtág – tous les autres sont de Katharina Weber. Or, n’est-ce pas là une allégorie de ce piano solo : tout vient de György Kurtág et tout y ramène.

par Gilles Gaujarengues // Publié le 29 janvier 2023
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