Chronique

Yosef Gutman Levitt / Omri Mor/ Ofri Nehemya

Upside Down Mountain

Yosef Gutman Levitt (B), Omri Mor (p), Ofri Nehemya (dms)

Label / Distribution : Autoproduction

Originaire d’Afrique du Sud, installé en Israël - après un passage par Boston et New York - Yosef Gutman Levitt est à l’origine un contrebassiste qui désormais explore les possibilités de la basse électro-acoustique. Le registre plus aigu et la geste guitaristique lui offrent en effet une place quelque peu différente au sein de ce trio, le premier qu’il conduit aux côtés du pianiste Omri Mor (Avishai Cohen b) et du batteur Ofri Nehemya (Avishai Cohen b, Shai Maestro, Omer Avital).

Mais cette progression ne fut pas sans embûches et le disque fait figure de renaissance. Les années New-yorkaises ont été accompagnées de remises en question et de découragements tels que le musicien s’est retiré de l’industrie musicale pour plusieurs années. Créer une Start Up dans la conception de logiciels, fonder une famille et se consacrer à la pratique du judaïsme orthodoxe ont été les piliers d’une nouvelle vie qui a conduit le bassiste jusqu’à Jérusalem où il s’est installé en 2009. Et c’est bien plus tard, en 2018, qu’il a repris la basse, avec un tout autre état d’esprit, un regard neuf sur sa propre musique, et une adaptation vers cette variante de l’instrument.

Cette configuration offre sans doute une plus grande liberté dans la distribution des rôles qui sont dès lors moins définis. Dans le titre « Jericho », la ligne de basse semble changer de main, elle passe de la basse au piano, mais aussi à la batterie lorsque celle-ci projette les résonances graves des toms dans un mouvement cyclique que Yosef Gutman Levitt affectionne, et sur lequel un développement ascensionnel a lieu.

Si le trio est instrumental, la structure des morceaux évoque des chansons, une sorte de pop aérienne où là encore les voix sont interchangeables. Pourtant, Upside Down Mountain est le fruit d’une improvisation, d’un élan, avec assez peu d’écriture au préalable. Le bassiste accorde une grande importance à sa liberté de ton, et à la sincérité de sa musique, qu’il souhaite avant tout spontanée. Une certaine joie transparait dans l’album, une envie d’en découdre avec le mutisme des années écoulées, mais avec une verve libératrice. On imagine sans mal qu’un retour à la musique, après s’en être tant éloigné, soit salutaire et qu’une expressivité claire et dépouillée coule de source. Quoi qu’il en soit, le résultat est là : l’énergie est communicative, elle porte l’enthousiasme d’un nouveau départ.