Chronique

Carlos Bica & Azul

More Than This

Carlos Bica (cb), Frank Möbus (g), Jim Black (d)

Label / Distribution : Clean Feed

On savoure dans le sixième album du trio « Azul » de Carlos Bica l’élégance qui sculpte les très belles ballades. Tempi ralentis, économie de notes, refus du superflu, tout montre qu’on prend son temps et l’on imagine volontiers le plus agité des hyperactifs transformé en rêveur contemplatif. Mais c’est si beau que l’évanescence ne suffit pas à expliquer ce More Than This. Le trio nous plonge, avec l’intelligence de ceux qui n’ont que faire du tape-à-l’œil, dans un univers où se mêlent, sous forme de bribes extrêmement bien équilibrées, onirisme, fantastique, tourment et saine respiration. Le jeu de Frank Möbus à la guitare, comme celui de Jim Black à la batterie, ont d’ailleurs cette patine qui fait apparaître l’air de rien – et pourtant tout est là – un monde à part entière. Le trio nous invite au recueillement et à l’introspection et la musique semble tout simplement évidente.

Comprenez qu’il s’agit d’un superbe disque, qu’il fait partie de ces quelques perles tellement rares – et peut-être précisément parce qu’elles sont rares – qu’on se dit qu’on a là, face à nous, un de ces albums dont on sort transformé. Le minimalisme y est programmatique. D’ailleurs, même lorsque la guitare est à la saturation et à l’énervement – c’est le cas par exemple sur « A Lã E A Neve » ou « XY Ungelöst » –, on reste dans le registre du songe et de la méditation.

On comparerait volontiers ce joyau avec la musique de Bill Frisell. On y trouve en effet ce même soin de dentellier apporté de la première à la dernière mesure. Aussi, s’il est difficile de dire que tout est calibré au millimètre – y a-t-il en effet des musiques qui ne le sont pas ? – cette attention microscopique aux nuances, au sensible, à la juste impression constitue la marque de cet album. Tout y est frêle, délicat et vulnérable.