Chronique

Clotilde Rullaud

In Extremis

Clotilde Rullaud (voc, fl), Dano Haider (g, b) Olivier Hutman (p, kbd), Antoine Paganotti (dm) ; + H. Lippi (g), S. Llado (tb)

Label / Distribution : Tzig Art

A lire le recto de la pochette, on se sent déjà tout émoustillé : réunir en un titre Bill Evans et Serge Gainsbourg (« Waltz for Debby – La noyée ») ou Baden Powell et toujours Gainsbourg (« O Canto de Ossanha – L’eau à la bouche ») ; mettre des paroles sur des thèmes de Mongo Santamaria et Astor Piazzolla, chanter Thelonious Monk et Sting, adapter et interpréter une pièce de Maurice Duruflé (1902-1986), grand organiste et compositeur notamment d’œuvres liturgiques… avouons qu’il y a de quoi. Et on n’est pas déçu, bien au contraire.

Rappelons avant tout le parcours de Clotilde Rullaud, qui a débuté il y a près de huit ans, a auto-produit son premier album, Live aux 7 lézards (un duo voix-guitare avec Hugo Lippi), puis multiplié les collaborations et aventures artistiques.

Ce qu’on retient d’abord c’est sa parfaite élocution et sa voix riche de timbres sans effets gratuits, ces simagrées qui affectent trop souvent la clarté du chant - une voix passant l’air de rien du frôlement de la mélodie à une affirmation, une décision prégnantes. Clotilde Rullaud sait alterner avec un certain bonheur - voire un bonheur certain - l’humour et la gravité, la tendresse et l’énergie, le brio et la simplicité… tout cela avec le plein de groove et le débordement de feeling, jusqu’au scat débridé (le « Fragile » de Sting) et, a contrario, cet inattendu et fort émouvant « The Walk After Pie Jesu from Maurice Duruflé », le tout fort réjouissant.

Il faut dire qu’elle a trouvé chez ses musiciens une complicité qui saute aux oreilles, notamment le fin mélodiste Olivier Hutman, un des pianistes hexagonaux les plus swinguants, et Dano Haider, guitariste constamment inspiré.

Une artiste complète, à suivre de très près.