Chronique

Conversation #8 - Ablaze

Jorge Vistel (tp), Wolfgang Puschnig (as, hojak), Oren Marshall (tu), Michael Arbenz (p), Florian Arbenz (dm)

Label / Distribution : Hammer Recordings

Heureuse surprise que cette formation internationale et homogène qui revigore l’esthétique du jazz actuel. La recette est simple, prenez des musiciens confirmés qui sont à l’affût d’une polyphonie sonore originale et laissez-les travailler à des compositions personnelles qui gravitent dans les sphères d’Ornette Coleman et de ses disciples. Le résultat est clair, la musique qui découle de ce quintet nous ravit.

Le batteur helvétique Florian Arbenz, reconnu comme l’un percussionnistes les plus inventifs de la scène européenne, continue avec bonheur son périple construit autour d’enregistrements de diverses conversations musicales destinées à la publication sonore. Conversation #8-Ablaze en est l’un des éléments, destiné avant tout à une mise en valeur des cuivres qui ont bercé l’histoire du jazz depuis ses origines.

« Catch Me If You Can » installe d’emblée un climat festif. La trompette du Cubain Jorge Vistel révèle un talentueux musicien à la mise en place étourdissante et au phrasé sans cesse innovant qui affirme sa personnalité - c’est encore plus évident dans « Rivulets » où il installe un climat de pur suspense. Ce morceau est signé Wolfgang Puschnig, dont la grande expérience apporte une assise à cet ensemble. Son parcours formateur au sein du Vienna Art Orchestra y est pour beaucoup et sa pratique du Hojak est particulièrement mise en valeur sur « Freedom Jazz Dance » composition réarrangée d’Eddie Harris, donnant à l’ensemble une couleur exotique bienvenue. Le pivot de cet album est le tubiste britannique Oren Marshall, musicien éclectique ayant côtoyé aussi bien Charlie Haden que le groupe Radiohead. Nous découvrons un soliste inventif, digne héritier de Howard Johnson et Bob Stewart, comme dans cette exécution magistrale qu’il donne à entendre dans « Mirror ». Tout au long de l’album, il offre le soutien rythmique indispensable aux autres membres du groupe. Michael Arbenz intervient sur trois morceaux, dévoilant une touche introspective qui produit un contraste intimiste, comme dans « Choral » où l’on savoure la richesse de l’écriture destinée à valoriser l’interaction des cuivres.

Jamais on ne ressent l’envie de sauter une plage musicale, ce qui démontre un équilibre des compositions et des arrangements mené de main de maître. Réussite totale de ce collectif.