Chronique

Fred Pallem & Le Sacre du tympan

François de Roubaix

Label / Distribution : Train Fantôme

Pour beaucoup, au moins ceux – trentenaires et quarantenaires – contemporains de Fred Pallem, les créations de François de Roubaix renvoient aux musiques de l’enfance, ces ritournelles faussement naïves et simples qui s’offrent aujourd’hui une nouvelle et revigorante lecture.

On connaissait chez Fred Pallem, bassiste, créateur et leader du Sacre du Tympan, big band à géométrie et membres variables, ce goût pour les compositeurs sachant glisser de joyeuses et sophistiquées expérimentations dans les œuvres les plus populaires.
Tel, par exemple, André Popp et ses accords alambiqués soutenant des mélodies chantées par des millions de lèvres et auquel Fred Pallem avait déjà rendu un bel hommage sur Le Retour ! en 2005.

L’intérêt porté cette fois au prolifique – bien que trop tôt enlevé par la camarde – et génial compositeur de musiques de films a quelque chose de l’évidence tant il s’agit ici de la même famille. Celle où les exigences se parent de couleurs vives, où les trésors de complexités s’échafaudent dans les recoins de chansons pour enfants ravis. En ce sens, la série d’animation « Chapi Chapo » dont le thème est ici repris avec l’aide vocale de Philippe Katerine est à l’image de son compositeur même : ludique, colorée, rieuse et vouée à la permanente construction d’architectures aussi savantes qu’espiègles et séduisantes.

La part belle faite aux synthés sonne comme un hommage dans l’hommage à la prestigieuse école française du synthétiseur, qui eut son heure de gloire dans les pionnières années soixante et soixante-dix (avec en plus de François de Roubaix, Jean-Jacques Perrey et Bernard Fèvre entre autres). Les cuivres vigoureux et un allant ne craignant pas le galop balaient les dernières éventuelles réserves de ceux qui ne voudraient pas se laisser aller à l’euphorie de l’ensemble. Une euphorie qui sait abriter en son sein d’émouvant moments à l’image, sur le morceau « L’Atelier », d’ un discours de la méthode par la voix du maître lui-même.

par Aymeric Morillon // Publié le 17 janvier 2016
P.-S. :

Fred Pallem (lead, b, g, synth, sifflet) ; Vinz Taeger (dm, perc, boite à rythmes) ; Rémi Sciuto (as, fl, cl, bcl, synth, flute piccolo, ocarina, clavinet, harpe) ; Arnaud Roulin (synth, clavinet) ; Vincent Taurelle (p, elp, synth) ; Fabrice Martinez (tp) ; Daniel Zimmermann (tb, tu) ; Philippe Katerine (voc) ; Juliette Paquereau (voc) ; Barbara Carlotti (voc) ; Alexandre Chatelard (voc) ; Alice Lewis (voc)