Chronique

Jazzarium

Météo Songs

Guillaume Saint-James (sax), G. Tamisier (tp), J.- L. Pommier (tb), D. Ithursarry (acc), J. Séguin (b) et Ch. Lavergne (d).

Label / Distribution : Autoproduction

Quoi de plus naturel pour un Normand installé en Ille-et-Villaine que de dédier un disque à la météorologie : l’Armorique est bien la seule région de France où il peut faire beau plusieurs fois par jour…

Après Les poissons rouges en 2005, Météo Songs est le deuxième disque de Jazzarium, sextet créé par Guillaume Saint-James. Si ce Jazzarium est un vivier de musiciens qu’on ne présente plus, en revanche la formation initiale a évolué. Sont restés fidèles au poste : Jérôme Séguin à la contrebasse, Geoffroy Tamisier à la trompette et Jean-Louis Pommier au trombone. Christophe Lavergne succède à Stéphane Stanger aux fûts, et le piano de Pascal Salmon est remplacé ici par l’accordéon de Didier Ithursarry.

Sur des mélodies séduisantes et relevées par des dissonances bienvenues, des rebondissements rythmiques adroits et des arrangements finement construits, les neufs thèmes de Saint-James constituent un répertoire de choix pour le sextet. Le saxophoniste s’en donne à cœur joie avec les titres des morceaux, qui tournent presque tous autour des phénomènes atmosphériques : du dieu du vent (« Ode à Éole ») à l’« Éclaircie » finale, en passant par « La java des grêlons » et « Tango pour Sirius », sœur lointaine du « Soleil », sans oublier bien sûr « Katrina » et le « Souffle d’Éden », clin d’œil à la fille du saxophoniste…

Le choix de l‘accordéon à la place du piano permet à Jazzarium de travailler sur une matière sonore originale, parfois proche d’une fanfare : les climats de Météo Songs invitent davantage à la fête en plein air qu’à la discothèque (jadis) enfumée. Impression renforcée par des thèmes légers (« Le caprice des tornades »), un duo rythmique enjoué (« Soleil »), voire musclé (« Tango pour Sirius ») et des développements dansants : tango et java bien sûr, mais aussi « groovy » sur « Le verglas ne fond pas », « bluesy » sur « Katrina », ou rock sur un dixième morceau « officieux ».

Cette gaité ne doit pas faire oublier les moments de majesté (« Eclaircie ») et les hymnes solennels (« Le souffle d’Eden »). Profitant d’instrumentistes rompus à tous les types d’atmosphères, Saint-James privilégie le jeu d’équipe plutôt que les exploits solitaires. Motifs en canon (« Ode à Eole »), contrepoints (« Le verglas… ») et croisements des voix (« Katrina »), alternent avec dialogues (soufflants sur « Le caprice… », accordéon et soprano sur « Tango pour Sirius »), chœur des vents (« Soleil ») et chorus peu nombreux, mais bien sentis : trompette élégante (« Ode… »), trombone digne (« Tango pour Sirius »), accordéon ingénieux (solo a capella dans « Le verglas… »), saxophone tour à tour brillant (« Ode à Eole », « La java… »), un brin canaille (« Le verglas… ») ou mystérieux (« Soleil »), basse féline (« Eclaircie ») et batterie vigoureuse (« La java… »).

Dense, intelligente et moderne sans jamais être absconse, la musique de Météo Songs est la bienvenue : printemps, été, automne comme hiver !