Scènes

Jazzycolors, ouverture en nocturne à l’Italienne

Ouverture du festival à l’Institut Culturel Italien de Paris.


Paolo Fresu et Bojan Z © Cyrille Clément

La 21e édition du festival Jazzycolors s’ouvrait jeudi 9 novembre dans les somptueux décors de l’Hôtel de Galliffet, siège de l’institut culturel italien à Paris.
Sous l’œil impatient des putti et autres angelots ornant les élégants plafonds des salons, c’est à l’Italie que revenait l’honneur d’inaugurer chaleureusement ce festival en présence notamment d’Irene Castagnoli, Consule Générale, Bianca Longobardi, Consule, mais aussi Liborio Stellino, Ambassadeur et représentant permanent de l’Italie auprès de l’Unesco ainsi que Michal Grabowski, attaché culturel de l’Ambassade du Luxembourg.

Sous la coordination de la formidable Anna Zasada, le festival Jazzycolors, organisé par la FICEP (Forum des Instituts Culturels Étrangers à Paris), propose tout au long de ses six semaines de programmation près de 20 concerts donnés par une attentive sélection d’artistes d’Autriche, Bulgarie, Canada, Danemark, Estonie, Grèce, Hongrie, Irlande, Kosovo, Luxembourg, Pologne, Portugal, Serbie, Slovaquie, Suisse, Taïwan et Tchéquie.

Bojan Z et Paolo Fresu © Cyrille Clément

Bojan Z, parrain du festival, se produisait pour ce concert inaugural sur un beau piano Fazioli en duo avec Paolo Fresu, trompettiste et bugliste italien. C’est dans une simplicité aussi admirative que respectueuse que Bojan Z confiait à l’auditoire, déjà conquis, que répéter quelques minutes avec Paolo Fresu promettait de jouer sans effort ni crainte trois heures en concert…

En prélude : premiers effets sonores, rythmes et jeux de cordes frappées dans le beau corps laqué du piano, premières notes du bugle de Paolo Fresu, rythmes improvisés sur le pavillon même de l’instrument. Effet hypnotique immédiat, l’oreille s’abandonne aux modulations des amplis…
On savoure alors le piano libre, riche et vibrant et notamment son « Grožnjan Blue » pour la touchante simplicité de son intro et un final en arpèges aussi léger qu’un papillon, comme rassuré par un vertigineux point d’orgue de la trompette. On est emmené entre ballade et standards de jazz, comme « Dear Old Stockholm », passant par des couleurs musicales tour à tour langoureuses, endiablées au piano, tendres et nostalgiques à la trompette. Les références à Miles Davis ou Chet Baker jalonnent le concert. On est ému par le morceau hommage à Fellini, dont la mélodie a été composée par Paolo Fresu dans un train entre Florence et Bologne, le jour même de la mort du cinéaste, du temps où le train connaissait encore cette lenteur toute propice à l’inspiration musicale.

Bojan Z, Paolo Fresu © V. Paparella

On est enfin conquis lors du bis délicieusement tendre qui clôture le concert dans une mélodie au lent balancement où les dernières notes du bugle de Paolo Fresu nous offrent un ultime et sublime point de… suspension.

Retraversant, vers sa sortie, la majesté de l’Hôtel de Galliffet déserté et plongé dans la pénombre mélancolique du soir, on rentre comblé par ce message déclaré de paix offert par ces artistes dans toute la complicité, la sincérité et la beauté de leur art. On se rend à la nuit et on se dit que, oui, la musique et la paix sont des besoins essentiels.