Chronique

Nicolas Folmer

& The Horny Tonky Experience

Nicolas Folmer (tp), Laurent Coulondre (kb), Damien Schmitt (dms), Julien Herné (elb), Olivier Louvel (g), Antoine Favennec (sax).

Label / Distribution : Cristal Records

Bis repetita. Après la parution au début de l’année 2015 chez Cristal Records d’un Horny Tonky dont le funk joyeux tranchait avec ses précédentes productions, le trompettiste Nicolas Folmer remet le couvert en forme de conversion électrique qu’il baptise cette fois The Horny Tonky Experience, peut-être pour signifier son caractère durable. C’est vrai qu’on est ici assez loin du Paris Jazz Big Band (l’entreprise luxuriante qu’il menait avec le saxophoniste arrangeur Pierre Bertrand) ou de Lights (2012) et Sphere (2014), occasions pour lui de collaborer avec entre autres Daniel Humair et Michel Portal.

L’héritage, ici toujours aussi clairement assumé, est celui du Miles Davis des années 70 et surtout 80, ainsi que d’Herbie Hancock et ses Headhunters. Ceci pour situer la coloration générale du propos, même si le traitement sonore est bien celui du XXIe siècle. La musique se présente comme une marche en avant aux accents heureux, servie par une poignée de musiciens qui ne demandent pas mieux que d’y déverser l’énergie qu’on leur connaît par ailleurs. Déjà présents dans l’album précédent, Laurent Coulondre (claviers) et Damien Schmitt (batterie) sont épaulés cette fois par Julien Herné (basse), Olivier Louvel (guitare) et Antoine Favennec (saxophone). The Horny Tonky Experience est un disque plaisir, dont toutes les compositions sont signées Nicolas Folmer. On y entend la confirmation de ce que la scène laissait entrevoir : le trompettiste est certes le leader, mais il se présente avant tout comme un catalyseur, dont la personnalité n’écrase jamais celle des ses partenaires.

La vivacité de chacune des interventions de Laurent Coulondre ou les colorations très rock d’Olivier Louvel par exemple sont à cet égard les témoignages d’une volonté de sortir du cadre d’un jazz rock formaté et, en ce sens, prévisible comme peut souvent l’être ce qu’on nomme fusion. En 35 minutes seulement (auxquelles il faut ajouter les radio edits de chacun des sept titres comme autant de nécessités de faire court pour ne pas perdre un auditoire trop impatient), l’album est traversé par un courant certes très électrique mais surtout revigorant. Comme l’était déjà son prédécesseur. Et ce n’est pas tant l’originalité du propos qu’il faut rechercher dans l’écoute de The Horny Tonky Experience que la quête obstinée d’un groove auquel on résiste difficilement. De la part de Nicolas Folmer, ce disque est aussi une belle déclaration d’humilité et de liberté. L’expérience peut continuer, on la suivra bien volontiers.